Les rangs des victimes de l'érosion du pouvoir d'achat s'allongent et s'étirent au gré des années qui passent, mettant sur le carreau de très larges pans de la société aux quatre coins de la wilaya de Mila qui est loin d'avoir usurpé son statut peu valorisant de wilaya pauvre. Qu'ils soient cadres, fonctionnaires ou simples travailleurs dans des entreprises, ils vous démontrent chiffres à l'appui qu'ils vivent au-dessous de leurs moyens et n'arrivent plus à joindre les deux bouts, face à la flambée générale des prix. Que dire alors des sans revenu ! Plusieurs ménages jurent consacrer entre 8000 et 10 000 DA par mois, rien que pour la nourriture. Pis, de nombreuses familles, composées en moyenne de six à huit membres et dont le revenu se situe entre 12 000 et 18 000 DA, affirment stricto sensu ne consommer la viande que deux, au mieux trois fois par mois. Mila, étant par définition une wilaya à vocation rurale, les entreprises offrant des opportunités d'embauche se comptent sur les doigts d'une seule main. Il n'est pas dès lors étonnant de déduire que la population est minée par le chômage, et que des milliers de personnes se contentent, la mort dans l'âme, de la baguette de pain et du sachet de lait. Manger à sa faim est devenu, compte tenu de la dégradation totale du pouvoir d'achat, une équation insoluble. Plusieurs chefs de famille ont eu beau substituer à la viande, des sardines, des tripes, des boyaux et tout le toutim, mais rien à faire, le train de vie est vraiment infernal. Avec les frais médicaux, les factures d'électricité, du gaz, de l'eau, la scolarité des enfants, l'habillement, le loyer... il y a de quoi s'arracher les cheveux, avouent plusieurs chefs de famille.