Début de dénouement dans le conflit qui oppose, depuis un mois et demi, les officiers de la marine marchande à leur employeur, l'Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV) ? Sur injonction de l'Inspection du travail, la direction de l'entreprise a rappelé verbalement 6 ex-grévistes. 12 autres devraient les suivre, selon le Syndicat national des officiers de la marine marchande (SNOMMAR). Pour l'employeur, il s'agit avant tout de se conformer à la réglementation : les décisions de suspension deviennent caduques si, dans les 15 jours qui suivent leur notification, les officiers ne sont pas traduits en conseil de discipline. Chose qui n'a pas été faite. Suite à l'ordonnance du président du tribunal de Sidi M'hamed, le 6 juillet, déclarant leur recours à la grève « illégal », les officiers de la marine marchande avaient pris la décision de suspendre leur mouvement de protestation, après dix jours d'arrêt de travail. Un appel à la raison qui n'a pas réussi à faire fléchir la position de la direction de l'ENTMV, attachée aux mesures disciplinaires. « La direction générale ne veut toujours pas résoudre le problème. Le rappel de 6 officiers est fait pour donner l'impression de répondre aux critiques de l'Inspection du travail. Pourquoi ne pas lever la suspension pour tous les officiers ? », s'interroge le président du SNOMMAR. Pour dénoncer la politique de « deux poids deux mesures », une vingtaine d'officiers ont observé hier un sit-in devant le siège de la direction générale de l'ENTMV. Les mesures de suspension concernent 33 officiers, ceux qui avaient refusé d'embarquer durant la grève. Les autres officiers grévistes, plus d'une quarantaine, se trouvaient à terre, le programme de navigation de l'entreprise prévoyant un congé de 18 jours après chaque mois de travail. « Le PDG gère l'entreprise comme une entreprise privée. Le droit de grève est un droit constitutionnel. Malgré notre disponibilité, il refuse tout dialogue », proteste un officier. Au chapitre des mesures répressives, l'employeur a décidé de geler les salaires du mois de juillet. Ceux du mois d'août risquent de connaître le même sort si aucune solution n'est trouvée entre les deux parties en conflit dans les prochains jours. Saisie par le SNOMMAR, l'Inspection du travail a entendu, le 25 juillet dernier, la direction générale de l'ENTMV. « Nous allons nous conformer à la loi », a rétorqué celle-ci. Il y a quelques jours l'Inspection du travail a relancé par écrit l'employeur dont elle attend un écrit plus explicite. Nous avons vainement tenté hier d'entrer en contact avec le chargé du dossier au niveau de l'inspection, alors que le PDG de l'ENTMV, M. Cheriet, n'a pas pu nous recevoir, prétextant « une réunion ».