Des centaines de femmes européennes, algériennes et marocaines ont sillonné, hier après-midi, les grandes artères de la ville de Marseille pour dire non à la violence, à la pauvreté et oui à la paix et à l'égalité entre les sexes. La porte d'Aix, le point de départ de la marche, a été envahie dès les premières heures par des dizaines de délégations : belge, italienne, espagnole, polonaise, des Pays-Bas, brandissant des banderoles aux couleurs de leurs association et pays. « Nous sommes venues pour dire non aux violences faites aux femmes à travers le monde et exiger plus de démocratie dans les pays par la reconnaissance des mêmes droits entre l'homme et la femme », soulignent les manifestantes. Le coup d'envoi a été donné à 16h tapantes et les premiers carrés se sont tout de suite constitués et ont entamé l'itinéraire fixé par les organisatrices, le Collectif 13, qui était en fait de faire le tour de la ville en sorte de boucle pour revenir au point de départ en passant par les plus grandes artères et quartiers de la ville. Banderoles, pancartes, fleurs, la courte pointe de la marche mondiale portant différents dessins cousue sur un carré de tissu ainsi que le texte de la charte mondiale ont été brandis. Des slogans ayant trait aux violences faites aux femmes, à la paix et conflits, l'emploi et la précarité sont lancés dans les différentes langues. « Il ne faut plus dire que nous sommes espagnoles, algériennes, italiennes ou françaises. Il faut dire simplement que nous sommes des femmes tout court », nous dira une Espagnole. Pour elle, cette marche de l'espoir « nous permettra de nous mobiliser davantage pour faire barrage à toutes formes de violences faites aux femmes et exiger de nos Etats de corriger toutes les inégalités dont sont victimes les femmes dans leurs pays respectifs ». La procession a été accompagnée des tambours et chants des différentes régions du monde. L'espace de deux heures, les Européennes et les Méditerranéennes ont crié d'une seule voix contre toutes les injustices qui leur sont faites. Au carré des Algériennes (venues d'Algérie et des émigrées), on brandissait la revendication éternelle du mouvement des associations féminines, à savoir l'abrogation du code de la famille. La chanson chantée par un groupe d'artistes algériens installés en France, Ouach dak ya El Khadi, initiée par le collectif 20 ans barakat, a été diffusée. Cette marche mondiale tant attendue s'est déroulée en fait dans une ambiance de fête, ce qui a fait dire aux organisatrices que ce rendez-vous mondial est un rendez-vous réussi. « Mais nous n'allons pas nous arrêter là. C'est une marche grandiose », se félicitent-elles. L'intégrisme, une menace pour les femmes En marge de la marche, trois forums ont été organisés dans la matinée dans trois grandes salles de conférences du Conseil régional. Les thèmes ont porté sur « Pouvoir et démocratie », « Emploi et précarité » et « Conflits et paix ». Lors de ces rencontres, les participantes ont énuméré une série de propositions qu'elles soumettront entre autres à l'Union européenne. Il s'agit, entre autres, de réfléchir sur comment faire faire face à la montée de l'intégrisme, religieux notamment, à travers le monde. Elles n'ont pas omis de souligner que les femmes sont les premières victimes de ces intégristes. L'expérience algérienne en la matière est, à leurs yeux, édifiante.