Alors que le gouvernement et son partenaire social (UGTA) prennent leur temps pour pondre le nouveau statut général de la fonction publique qui traîne depuis 2002, les travailleurs des administrations publiques, dont le nombre avoisine le 1,5 million, se débattent dans des problèmes de tous bords. La situation est de telle nature à atteindre le plus haut période de dégradation, avec notamment l'option retenue pour réduire les dépenses de fonctionnement de l'Etat. A savoir la dépermanisation telle que conçue par les laboratoires de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), qui ont clairement souligné dans leurs divers rapports sur l'Algérie « la nécessité de supprimer 500 000 emplois » dans le secteur de la fonction publique. Cette option, qui a d'ailleurs suscité un vent de panique et de vives craintes de la majorité des fonctionnaires, est de telle sorte à favoriser davantage la précarité de l'emploi et à fragiliser le statut de l'employé en faveur de l'employeur. Elle va encourager, plus que jamais, la contractualisation, et surtout le passage d'un emploi durable à un job conjoncturel et temporaire. Le travailleur-salarié se trouvera ainsi dénudé de ses droits à travers la généralisation du CDD (contrat à durée déterminée) qui prendra, naturellement, la place de la convention collective. Cette convention, qui est de nature à protéger le travailleur et à garantir ses droits sociaux professionnels, semble déjà être entachée d'anachronisme dans le discours libéral des gouvernants algériens en mal de stratégie adéquate et appropriée en vue de booster le secteur de l'emploi. La politique gouvernementale telle que dictée par le FMI, qui sera traduite dans l'avant-projet du statut général de la Fonction publique, risque aussi de faire rompre le cordon ombilical existant entre les 300 000 fonctionnaires vacataires et l'Etat. A cette précarité statuaire, les fonctionnaires étant toujours régi par les dispositions du décret présidentiel n°85-59 du 23 mars 1985 portant statut type des travailleurs des institutions et administrations publiques, la baisse vertigineuse du pouvoir d'achat. De 2004 à 2005, le prix des produits de base ont quintuplé, alors que le salaire national minimum garanti, toujours fixé selon les dispositions de l'article 87 bis du code du travail, est fixé réellement à 8000 et officiellement à 10 000, les primes et indemnités comprises. Selon une étude réalisée en 2002 par l'UGTA, il fallait déjà à l'époque « une mensualité de 24 000 DA pour qu'un foyer de 7 membres puisse subvenir à ses besoins minima ». Et encore, en 2002, il n'y avait pas eu une flambée des prix des produits de base telle que celle connue depuis 2004. Ainsi, quel avenir pour un fonctionnaire qui perçoit une mensualité de 10 000 DA et qui risque de se retrouver, à chaque instant, au chômage ? C'est dire à tel point l'emploi dans les administrations publiques est aussi touché par le vent de précarité qui souffre sur le pays qui brille avec une réserve de changes historique de 46 milliards de dollars, appelée à atteindre les 60 milliards de dollars, si, bien sûr, les prix de l'or noir sont maintenus à leur niveau actuel.