En gestation depuis 2002, le nouveau statut général de la Fonction publique a enfin pris forme. L'avant-projet de statut, tant attendu par les travailleurs, a été endossé, mercredi dernier, par le conseil de gouvernement. L'information donnée par le biais d'un communiqué sanctionnant les travaux de ce conseil demeure superficielle. Le communiqué ne comporte pas de détails sur le contenu du nouveau texte de loi. Il est cependant précisé que ce futur statut « devra permettre d'adapter les missions de la Fonction publique au nouveau rôle de l'Etat (...), mais aussi de favoriser l'émergence d'une administration performante, proche du citoyen et en mesure de répondre efficacement aux exigences du secteur public ». Les fonctionnaires voués à certaines activités dites « spécifiques » bénéficieront d'une « flexibilité » de leur statut. Officiellement, le futur statut, qui devra sceller l'avenir des quelque 1,5 million fonctionnaires, balisera la voie de réforme de l'Etat. A commencer de la bureaucratique administration publique. Il est censé être le cadre idoine pour l'élaboration de nouveaux statuts particuliers applicables aux divers corps des fonctionnaires. Cela afin de permettre la réorganisation du secteur de telle sorte que l'on puisse remédier aux innombrables dysfonctionnements dus essentiellement à des « failles » dans le statut en vigueur. Le secteur de la Fonction publique est toujours régi par le décret n°85-59 du 23 mars 1985 portant statut type des travailleurs des institutions et administrations publiques. L'UGTA, l'unique syndicat qui jouit d'une reconnaissance officielle, a fait de la refonte du statut de la Fonction publique son cheval de bataille depuis au moins 4 ans. Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général de cette organisation syndicale, a expliqué à maintes reprises les raisons pour lesquelles l'UGTA milite pour la révision de l'actuel statut qui est « resté figé depuis 1966 ». Il s'agit, pour lui, surtout de faire de l'élément salarial un « stimulant » pour le fonctionnaire. Le volet salarial est actuellement assimilable, selon les termes mêmes du patron de la centrale syndicale, à « une jungle ». Le revenu mensuel d'un fonctionnaire est en moyenne de 12 000 DA. Soit presque le salaire national minimum garanti, officiellement fixé à 10 000 DA. Avenir incertain pour 300 000 travailleurs L'Etat, premier employeur, donne en général des salaires qui ne garantissent nullement une vie décente à ses employés. Contestations par-ci par-là, le gouvernement, longtemps rigide sur la question de revalorisation des salaires des travailleurs, semble lâcher le morceau, en attendant bien sûr le concret prochainement. Un groupe de travail a été installé et une augmentation des salaires des fonctionnaires devrait intervenir au plus tard en septembre. Si ce point d'ordre salarial est capital, il reste que le secteur de la Fonction publique souffre d'autres maux et défaillances. En effet, le problème des vacataires est toujours d'actualité. Car, ce dossier ou plutôt ce casse-tête des contractuels, qui a fait l'objet de plusieurs discussions dans le cadre des rencontres bipartites (gouvernement-UGTA), n'a trouvé aucune solution. Ces contractuels au nombre de 300 000, qui continuent de servir l'Etat, ne savent pas s'ils vont être un jour intégré dans le corps de la Fonction publique. Et autant de familles qui sont actuellement confrontées à un avenir incertain. A cela s'ajoute la question de la dépermanisation d'au moins quelque 500 000 employés, recommandée par les laboratoires de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Même si le patron de l'UGTA exclut le recours à une telle mesure, il reste que l'Etat est vivement appelé à réduire son budget de fonctionnement. Place donc à l'efficacité qu'on ne peut nullement obtenir de l'« entassement » des fonctionnaires dans les administrations publiques. C'est d'ailleurs dans cette logique que semble s'inscrire le gouvernement qui accorde à la formation du personnel une importance primordiale. Cela ne veut nullement dire que l'Etat va se passer des fonctions d'un certain nombre de ses employés. Du moins pas dans l'immédiat. Car, de l'avis de beaucoup de spécialistes du dossier, l'administration publique souffre d'un important manque à gagner en matière d'encadrement. Cela est dû essentiellement à une mauvaise répartition des fonctionnaires qualifiés à travers l'ensemble des institutions de la République. A titre d'exemple, un nombre important des 1541 Assemblées populaires communales que compte le pays souffrent de ce problème, alors qu'il y a un surplus de fonctionnaires dans les administrations de wilaya, mais surtout dans les administrations centrales. Autant de défaillances à combler !