Faute d'être prise en charge à temps avec la diligente requise par la gravité de son état, Fatma-Zohra, 28 ans, victime d'un accident de la route et qui présentait des fractures aux jambes (fémur) décède 10 jours après son admission au service orthopédie-traumatologie Bichat à Mustapha suite à des complications dues à une embolie graisseuse. Passé le deuil à l'appui du rapport d'hospitalisation, son père, qui a saisi le ministre de la Santé ainsi que l'ensemble des autorités pour l'ouverture d'une enquête, a déposé, mercredi dernier, une plainte auprès du procureur de la République de Laghouat territorialement compétent contre les responsables du secteur sanitaire ainsi que le centre du personnel médical de garde de la nuit du 3 mai dernier. selon les déclarations du père de la victime, ils ont refusé de prendre en charge le transfert de la défunte par les moyens dudit secteur. Fatma-Zohra fut après l'accident évacuée vers Aflou pour les premiers soins avant d'être transférée vers Laghouat. Là, à la lumière d'examens complémentaires, l'orthopédiste en poste décida de son transfert vers une structure spécialisée, entre autres une clinique privée à Ghardaïa ou Douéra. L'option pour le deuxième lieu était assortie du refus catégorique des responsables du secteur sanitaire de Laghouat de prendre en charge le transfert par les moyens du secteur. Déboutés par l'attitude des responsables, livrés à eux-mêmes et ne mesurant pas la gravité du cas et des risques encourues par la défunte, les accompagnateurs durent rebrousser chemin vers Aflou, 110 km à l'ouest du chef-lieu pour une histoire d'ordre de mission et de bons de mazout, et ce, à 1h, soit 7 heures après l'accident. Il est inutile de souligner les souffrances endurées par la victime à laquelle on a fait subir les affres d'un voyage trop long (210 km). Ce n'est qu'à 4h que l'ambulance prit la destination d'Alger. Arrivée à Douéra après une longue attente, Fatma-Zohra ne fut pas prise en charge faute de plaques et fut transférée vers Mustapha où elle dut attendre 7 heures avant d'être opérée, puisque, entre temps, il a fallu stériliser le bloc. Après une opération qui durera 6 heures, Fatma-Zohra qui était consciente à son arrivée entra dans un coma profond et fut mise sous respiration artificielle. Le constat du professeur qui l'a prise en charge est sans appel. « Elle aurait dû être opérée dans les 6 heures qui suivent. » ce retard est à l'origine de la survenue des complications. Lors de son admission, la défunte présentait déjà « les signes d'embolie massive, dont l'évolution lui sera fatale en dernière instance », est-il précisé. En attendant que la justice se prononce, les secteurs sanitaires d'Aflou et de Laghouat se rejettent la responsabilité. Ce n'est pas la première fois que des malades sont otages de la mésentente et de la négligence de ces secteurs.