Traditionnellement dédiée à l'enfance, la journée du 1er juin offre l'opportunité de tirer, une nouvelle fois, la sonnette d'alarme sur cette catégorie d'âge, victime, comme le sont les adultes, des grands fléaux sociaux qui n'arrêtent pas d'affecter le pays ; à la seule différence que les mineurs n'ont pas de capacités de résistance, ce qui ne les empêche pas d'être, aussi et souvent, des agresseurs. Le nombre de mineurs victimes est presque équivalent au nombre de mineurs responsables d'actes délictuels. Inutile de citer les chiffres sur la délinquance juvénile tant ils sont effrayants. Pour accentuer le fait, un rapport récent de le Gendarmerie nationale signale qu'« en 2002 et 2003, plus de 1100 crimes ont été perpétrés contre les ascendants », ce qui signifie que la dérive est telle que des enfants s'attaquent à leurs propres parents. Ce corps de sécurité conclut que « l'absence de politique cohérente de prévention ne fera qu'augmenter les chiffres. Demain, la société sera confrontée à de véritables criminels ». Prévention, le mot est lâché, c'est-à-dire la définition et la mise en œuvre d'une politique d'envergure qui s'attaque à la racine du mal, c'est-à-dire aux périls majeurs menaçant l'enfance que sont la pauvreté, l'exclusion scolaire, la démission familiale, l'argent facile, etc. Si l'Etat est la locomotive de cette stratégie, les associations et les parents y ont leur part, par le biais d'actions ciblées et concertées. Certes nécessaire, la réponse judiciaire ne pourrait être la panacée. Les pouvoirs publics ont fait un pas en prévoyant une loi sur l'enfance qui servirait de cadre d'intervention pour chaque partenaire. Mais ce pas doit être accompagné par d'autres actions, notamment gouvernementales, en direction de l'école, de la famille, du marché de l'emploi, des loisirs, etc. Le temps est calculé, tout un chacun commençant à être atteint de la psychose d'une agression par un mineur contre lui ou son bien ou contre son propre enfant. Et puis l'arme du tabou, bien commode ces dernières décennies, n'arrive plus à masquer ces crimes « nouveaux » que sont le viol, la drogue, l'inceste, la traite des blanches, l'enlèvement d'enfant, les abus sexuels, etc. En voie de se banaliser, ils traduisent l'évolution chaotique d'une Algérie conservatrice, éclatée, livrée aux mirages du progrès et sans aucun projet de société. En fait, la société ne récolte que ce qu'elle a semé durant un demi-siècle et c'est elle seule aujourd'hui, en changeant en profondeur, qui peut sauver ses propres enfants.