Abdallah Djaballah, le leader du mouvement El Islah, lors d'un meeting populaire animé jeudi à la maison de la culture Houari Boumediène à Sétif, a descendu en flammes la politique gouvernementale et la politique extérieure du pays, notamment celle liée aux accords d'association avec l'Europe ayant été, selon le chef de file d'El Islah, conclus à la hâte. « Les réformes entamées sous la pression de l'Occident ont été appliquées à la règle, sans qu'on prête attention aux conséquences sur le quotidien de la société algérienne, laminée par l'inflation... », affirme d'emblée M. Djaballah qui qualifie la mondialisation de nouvelle forme de colonisation du monde arabe. « Les illégitimes régimes arabes, otages des Occidentaux et des Etats-Unis, sont les exécuteurs de cette domination déguisée... », enchaîne M. Djaballah qui n'a pas drainé la grande foule. L'orateur a, par la suite, abordé la plateforme de revendications transmise à la présidence de l'APN. Ce document paraphé par 28 députés contient, dit-il, la question relative à la reconnaissance du Cnapest et le problème de la filière de la charia supprimée par le ministère de l'Education nationale. La répartition équitable des richesses du pays est, ajoute M. Djaballah, consignée dans la motion précitée. « Le Pouvoir s'est complètement détaché du peuple qui supporte seul le poids du fardeau », révèle M. Djaballah, allusion faite aux dernières augmentations des prix de consommation de l'eau et de l'électricité. M. Djaballah est revenu sur le dernier remaniement du gouvernement : « Nous refusons de faire partie d'un gouvernement dépourvu de tout pouvoir de décision. » Le volet militaire, qui est pour de nombreux acteurs de la vie politique un sujet tabou, n'a pas été occulté par l'orateur qui dit : « Il est interdit de posséder un armement lourd ou conventionnel. Les seules armes devant réprimer les peuples avides de démocratie ne font l'objet ni d'embargo ni de mission d'inspection. La souveraineté du pays est donc entachée. » L'intervenant, qui n'a pas voulu s'attarder sur la crise qui couve au sein de son mouvement, boucle son allocution par la réconciliation nationale : « La réconciliation ne doit pas être un simple slogan. Pour l'appliquer, il est indispensable de promulguer des textes devant prendre en charge l'ensemble des dossiers inhérents à tous les aspects de la crise. »