Au long de la sinueuse route qui mène, sur 10 km, de Tigzirt à Iflissene (à 50 km au nord-est de Tizi Ouzou), un fait frappe le regard : du village côtier d'Aït Youcef, jusqu'à Agouni Moussi, haut perché, il y a autant d'antennes paraboliques que de citernes sur les toits des maisons. Des dizaines de puits domestiques témoignent de la durée de la pénurie d'eau qui sévit dans la région à telle enseigne que des sondeurs syriens se sont installés dans les parages avec leurs engins de forage. A Iguer N'salem ou Ighil Bousslène, les puisatiers locaux vivent mal cette concurrence. Renseignement pris auprès de quelques citoyens du chef-lieu, « la chaîne côtière d'alimentation en eau potable de la commune d'Ilissène, depuis la localité de Sidi Naâmane, passant Makouda et Tigzirt est hors service et les robinets des 15 000 habitants de la commune sont restés à sec pendant plus de trois ans ». Les raisons ? « Vols d'appareillages électromécaniques, coupures de courant électrique et la conduite qui se retrouve hors service à chaque fois », lance tout de go le P/APC. Que fait la commune ? Le secrétaire général local répond : « Nous avons élaboré une fiche technique pour la rénovation de la chaîne AEP avec un coût de 1,3 milliard de centimes, mais la direction de l'hydraulique refuse l'opération. En attendant, nous avons installé des citernes dans les places centrales des agglomérations et alimentons les villages avec des camions. Plusieurs captages de sources ont été réalisés ». Le danger est de voir, avec la multiplication de ces forages, la prolifération des risques de contamination hydrique. « Le bureau d'hygiène communal veille à cela. Nous distribuons aux citoyens régulièrement des briques poreuses et nos villages sont assainis à 90% », assure-t-on. Abordés au chef-lieu Agouni Moussi, des citoyens s'insurgent : « Nous avons faim dans ce bled qui se meurt ». Une chose fait pourtant illusion. Des chantiers de logements et des travaux de terrassement sont en cours. Les va-et-vient incessants d'engins et de véhicules animent le centre de la commune. Iflissène n'est qu'un « village-rue » au bout duquel on aperçoit l'APC côtoyant la poste. Celle-ci est dépourvue d'un terminal informatique, tempête un fonctionnaire de l'APC qui ajoute : « Nous sommes contraints d'aller à Tigzirt pour une demande d'avoir et souvent revenons bredouille ». « En 2000, la localité avait reçu la notification d'un groupe scolaire de quatre classes. Il a été procédé au choix de terrain et le marché a été accordé, mais un litige a surgi entre la commune et un citoyen, hypothéquant ce projet », regrette notre interlocuteur, membre d'un comité de village. « La commune possède deux CEM de 700 et 400 places mais attend toujours l'inscription d'un lycée pour éviter aux adolescents le calvaire du transport pour aller à Tigzirt », souligne pour sa part le P/APC. « Nous avons une assiette qui n'attend qu'à recevoir le lycée, pour peu qu'on daigne nous l'accorder », renchérit le secrétaire général. Par ailleurs, l'on apprend auprès des responsables communaux que « dans le cadre d'un projet de concession agricole, deux périmètres ont été aménagés pour 14 milliards de centimes. Mais le projet a été un échec. Le citoyen n'a pas adhéré à l'opération et lorsqu'il s'agit d'un terrain privé, celui-ci est dans l'indivisibilité ». Ces périmètres sont des terres débroussaillées et préparées pour l'arboriculture. « Les centaines d'arbres offerts par les services agricoles aux villageois sont allés alimenter le marché local des arbres fruitiers », tient à dénoncer un quinquagénaire attablé avec ses deux amis au café du chef-lieu. Il est sans logement et sans ressources avec neuf enfants à charge. « Sachez que je suis journalier à temps partiel et à mon âge ce n'est pas facile parce que le travail manque au long de l'année », dit-il, en colère. Et l'aide à l'auto construction ? « Connaîs pas ! », répond-il avec surprise. Du côté de l'assemblée locale, l'on apprend que 50 logements sociaux ont été réceptionnés et la commission de distribution examine plus de 360 demandes. Au titre du programme 2004, un projet d'une quarantaine de logements de même nature est à l'étude alors que 52 logements sociaux participatifs sont en cours réalisation actuellement au chef-lieu. Parallèlement, 47 aides, de 50 millions de centimes chacune, sont disponibles et la liste des bénéficiaires a été rendue publique. Pendant une quinzaine de jours, la commission examine les recours et une vingtaine de dossiers de réclamations ont été déposés à l'APC. L'engouement pour ce type d'aide auprès de la population est tel que l'administration reçoit chaque jour plus de 10 demandes d'établissement d'un certificat de possession, exigé pour le dossier. Le responsable local lance cette boutade : « Que peut-on faire avec un PCD de 491 millions de centimes pour 2005. Rien que la réhabilitation de 25 km de pistes et chemins communaux nécessite bien plus que cette somme ».