La commune de Réghaïa reste sous les feux de la rampe. D'abord, il y a eu le scandale des accusations portées à l'encontre du maire et de l'un de ses adjoints, portant sur une histoire de détournement de deniers publics et de perception de pots-de-vin sur les revenus des droits de stationnement. Les mis en cause ont d'ailleurs été entendus par le juge d'instruction près le tribunal de Rouiba et l'enquête suit sont cours. Ensuite, c'est le dossier du foncier où certains élus sont accusés de dilapidation. La brigade économique de la sûreté de la wilaya d'Alger s'est saisie du dossier au même titre que le wali d'Alger qui a ordonné l'annulation de toutes les décisions d'attribution de lots de terrain, délivrées en juillet et en août 2002. Durant la campagne électorale des municipales, une autre affaire est mise au jour : la dilapidation et la location de chalets. La genèse de cette affaire remonte à l'époque où certains élus « frondeurs », qui s'étaient solidarisés pour un retrait de confiance au P/APC et à l'un de ses adjoints, ont cassé le front de l'opposition pour bénéficier de chalets. C'est ce que nous confirmera M. Zeghache, l'un des opposants qui dénonce ses pairs : « Les élus qui s'étaient solidarisés avec nous pour un retrait de confiance au P/APC et au vice-président chargé du social et des affaires culturelles et sportives ont bénéficié de chalets, pour certains sous des prête-noms. » Il nous avouera également que des chalets ont été cédés à des célibataires et à des femmes de mœurs légères, « avec lesquels, ils ont des intérêts mesquins ». Le frère du vice-président chargé du social figure dans le lot des bénéficiaires. Il occupe le chalet 151, selon un document officiel que nous détenons. « Le frère du vice-président figure parmi les éléments choyés par la municipalité. Sans être sinistré ni dans le besoin, ne résidant pas dans la commune de Réghaïa, il a bénéficié d'un chalet avec la complaisance de son frère », nous avouera aussi notre interlocuteur. Sur les sites de Amirouche et de Bouraâda où sont implantés des centaines de chalets, la situation est dramatique. 160 chalets inoccupés depuis leur attribution. Qui sont leurs occupants ? Personne n'as pu répondre à notre interrogation. Même le P/APC et ses adjoints ont été incapables d'éclairer notre « lanterne ». « Ces chalets depuis notre installation sur ces lieux n'ont jamais reçu leur propriétaire, si ce n'est de temps à autre des personnes différentes », nous diront plusieurs citoyens. Effectivement, l'état des lieux démontre que ces chalets n'ont jamais été occupés. Les restes des matériaux de construction et de peinture jonchent encore les courettes. Pourtant, selon un état que nous détenons, ces chalets ont été attribués. Qui sont les bénéficiaires ? Pour certains citoyens, c'est le néant. D'autres, un peu plus au parfum des choses des sinistrés, nous diront : « Ce sont des inconnus au bataillon des sinistrés de la commune de Réghaïa. Ces chalets font partie de la collection des prête-noms. » Approfondissant nos investigations, nous avons découvert le pot aux roses, grâce à un citoyen qui nous a orientés discrètement vers un courtier. « Ici, les chalets vides sont destinés à des citoyens à la recherche d'une location. » Un courtier nous gave de renseignements, sans toutefois nous montrer les véritables propriétaires de ces chalets. Confidentialité et intérêts mercantiles obligent ! « Le loyer mensuel est de 5000 DA avec paiement d'une avance d'une année et une commission représentant un mois de loyer. » Pas cher pour un citoyen à la recherche d'un logis. Une escroquerie, pour cette mafia des chalets. Le versement des arrhes se fait sur place. « Sinon, ce n'est plus la peine de revenir », nous dira notre « logeur » qui commençait à douter de notre engagement. Au niveau de l'APC, on se disculpe n'importe comment. Que ce soit au sujet des élus qui ont bénéficié de chalets pour rejoindre le « clan » du P/APC ou au sujet du frère du vice-président qui a bénéficié lui aussi d'un chalet. Le P/APC Ali Belgouraï nous dira que la municipalité n'est en aucun cas responsable de la répartition des chalets. « La seule autorité habilitée à remettre les chalets demeure la wilaya déléguée de Rouiba. La gestion incombe à l'OPGI. Au même titre que les citoyens sinistrés, le dossier des élus et du frère de l'élu qui ont bénéficié de chalets, a transité par une commission présidée par le wali délégué. Avant de devenir des élus, ils sont d'abord des citoyens avec leurs droits et devoirs. » En revanche, lorsque nous évoquons avec notre interlocuteur la location des chalets et les chalets inoccupés depuis leur attribution, il se veut confiant : « Il est du ressort de l'OPGI d'Hussein Dey d'intervenir. En ce qui nous concerne, nous ne pouvons qu'apporter notre contribution pour mettre hors d'état de nuire cette nouvelle mafia. Nous allons saisir officiellement toutes les autorités concernées pour mettre un frein à ce phénomène qui se développe de façon vertigineuse au niveau de plusieurs sites à travers les wilayas d'Alger et de Boumerdès », conclut notre interlocuteur, qui souhaite voir la collaboration des citoyens se concrétiser dans les faits. « C'est la condition sine qua non pour étouffer dans l'œuf les actions des sangsues qui profitent de la détresse de leurs concitoyens. »