L'article paru dans l'édition du 21 juillet 2004 de Mahieddine Khelifa, avocat, intitulé « Antisémitisme, entre mythes et réalités » a été malencontreusement amputé de la fin. Nous reproduisons la dernière partie avec nos excuses aux lecteurs et à l'auteur. Une enquête de la Sofres(9) confirme les propos du jeune beur, sur sa connaissance du racisme antiarabe (antisémite ne voulant plus rien dire !). Il existe une hiérarchie du racisme : les Maghrébins viennent en tête avec 89%, ils sont suivis des Gitans 46%, des Noirs 37% et des juifs 10%. Encore que pour les chercheurs Maryse Esterie et Laurent Mucchielli, « il vaudrait mieux parler d'israélophobie, il n'y a pas d'antisémitisme au sens d'une haine des juifs »(10). Pour étayer cette forte tendance au racisme antiarabe et antimusulman, il suffit de citer les déclarations de personnalités représentatives de la communauté juive de France. L'amiral Michel Darmont, président de l'Association France-Israël, soutient dans Témoignage Chrétien du 6 juin 2002, « depuis 10 ans, la communauté juive s'est trompée de combat. Ce n'est pas Le Pen notre ennemi, mais la politique étrangère de la France »(11) (suivez son regard !). Roger Cukierman, président du CRIF(12), est plus direct. Il qualifie le score réalisé par l'extrême droite, lors de l'élection présidentielle de 2002, de « message aux musulmans leur indiquant de se tenir tranquilles »(13). Saisissant la balle au vol, Bruno Megret, en mal de popularité, reprend en écho : « Face à l'intégrisme islamique, nous partageons des inquiétudes communes avec les organisations représentatives des juifs de France. »(14) Mais la palme revient à Jacques Kupfer, président du Likoud France qui s'en prend aux Palestiniens qu'il qualifie de « hordes sauvages... qui squattent les terres d'Israël ». Et conclut : « Peut-être faut-il se rendre à la seule évidence : on ne peut plus vivre avec eux, si tant est qu'ils aient le droit de vivre. Ce sera donc eux ou nous.(15) On croirait lire un passage de Mein Kanpf ! L'exemple venant d'en haut, on ne voit pas ce qui pourrait retenir les excités de l'extrême droite juive et son bras armé, le Betar, de faire gicler leur venin contre l'Islam et les Arabes dans les différents sites Internet. Ainsi, le président français devient « le Raïs Français Ben Chirak », pour sa politique courageuse et équilibrée au Moyen-Orient ; l'ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Vedrine « Vedrine Hubert Alles » faisant référence au slogan nazi « Deutschland Uber Alles » (l'Allemagne au-dessus de tous). Les Arabes, quant à eux, sont traités de « déchets » et leurs assassinats se transforment en « élimination ou neutralisation ». Pascal Boniface(16), Alain Lipietz et Roselyne Bachelot deviennent des « complices des déchets ». Même le pape n'échappe pas à leur vindicte : « Fils de chien de Pape »(17). Tous ces excités, épargnés curieusement par les émissions hebdomadaires d'« Envoyé spécial » sur France 2, se disent « fiers de combattre contre la France qui pue, petit pays merdeux où les antijuifs déchetophiles pullulent »(18). Cette « France qui pue » qu'ils ne quitteraient pour rien au monde, pas même pour Israël, qualifié pourtant de « seule démocratie » du Moyen-Orien ! En effet, la démocratie du loup dans la bergerie. UNE SEULE RACE : LA RACE HUMAINE Les musulmans originaires des pays arabes ne sont pas les seuls à souffrir du racisme. André Chouraki, natif de Aïn Témouchent, devenu maire de Jérusalem, révèle dans sa magistrale étude sur Les juifs d'Afrique du Nord, que même en Israël, les juifs séfarades sont victimes du racisme des juifs ashkénazes venus d'Europe bien imbus de leur supériorité raciale. Celui que le président Ben Gourian avait fait nommer président du Conseil, pour la fusion des communautés séfarades et ashkénazes, raconte comment la communauté séfarade s'est révoltée contre l'« aflayah » (mot hébreu désignant un mélange d'arbitraire et de racisme) dont elle était l'objet de la part des Ashkénazes. Ces derniers, non seulement les méprisent, mais les traitent de « Noirs, d'attardés mentaux... souffrant de tares héréditaires », et vont même jusqu'à affirmer qu'au milieu d'eux, « ils se sentent comme au zoo »(19). Ce racisme a dû quelque peu s'estomper du fait de l'état de guerre permanent avec les Palestiniens. Mais ce n'est que partie remise, car en attendant, les Séfarades ont été remplacés par les souffre-douleur palestiniens, leurs cousins ancestraux ! Voilà donc comment se comportent de par le monde certains représentants de la « treizième tribu » qui se proclame sémite alors qu'elle est originaire de l'extrémité nord-orientale de l'Europe, vis-à-vis des « vrais sémites » qu'ils soient descendants d'Ismaël ou d'Isaac. La race juive n'existe pas. Jamais une religion aussi ancienne soit-elle n'a donné naissance à une race. On est de confession juive, comme on peut être de confession chrétienne ou musulmane. Pour les hommes de paix, tous les hommes sont frères. La classification des êtres humains en races est un procédé fondamentalement raciste dont le but inavoué est d'instaurer une différence entre les hommes. Pour ma part, je ne connais qu'une seule race : la race humaine. (9) - Le Monde du 19 mars 2002 (10) - Le Monde du 24 mars 2001, cité par D. Vidal dans Le mal être juif. (11) - Cité par Dominique Vidal, dans Le mal-être juif. (12) - CRIF, Comité représentatif des institutions juives de France. (13) - Dans le quotidien Haaretz du 22 avril 2002, cité par D. Vidal op cit. (14) - Dans Le Parisien du 28 août 2002 cité par D. Vidal op cit. (15) - Site internet www.a7fr.com cité par D. Vidal op cit. (16) - Directeur de l'Institut de recherches internationales et statistiques. (17) - Cité par D. Vidal dans Le mal-être juif op cit. (18) - Cité par D. Vidal op cit. (19) - Cité par André Chouraki dans Histoire des juifs d'Afrique du Nord