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Lenrie Peters, poète et romancier gambien
« Nous devons publier en Afrique ! »
Publié dans El Watan le 09 - 06 - 2005

benaouda Lebdaï a rencontré, en Gambie, le poète et romancier gambien, Lenrie Peters, avec qui il s'est entretenu durant plus d'une heure, le 3 juin 2005, dans sa maison de Banjul. L'entretien s'est déroulé en anglais.
Lenrie Peters, vous êtes né en Gambie en 1932. Nous sommes en 2005 et je suppose que les temps ont changé, comment était la Gambie de votre enfance ?
C'était très différent de la période actuelle. D'abord, il n'y avait pas autant d'étrangers et les Gambiens étaient en Gambie. Pour vous dire la vérité, les études que j'ai eues étaient excellentes. Mes études secondaires en Gambie étaient très plaisantes.
Vous dites « très plaisantes », mais mis à part les souvenirs d'enfance dont on est toujours nostalgiques, c'était quand le temps colonial...
C'est vrai, j'étais enfant, adolescent ! J'appréciais les choses autour de moi, mes amis, la nature, les petits boulots, je gagnais un peu d'argent de poche que je dépensais avec mes amis qui étaient très contents d'être avec moi ! J'avais une petite entreprise à l'âge de quatorze ans, et je vendais toutes sortes d'objets. Pour moi, à ce moment-là, il n'y avait pas de politique. Pour vous dire la vérité, je n'étais pas très bon élève à l'époque, mais toute l'expérience de cette époque reste un doux souvenir.
Je sais qu'après vos études secondaires en Gambie, vous êtes parti en Sierra Léone, pourquoi ce départ ?
Les sciences n'étaient pas enseignées en Gambie, donc, je suis allé en Sierra Léone au lycée Prince of Wales, à Freetown. Mon père voulait que j'étudie les sciences. Et comme on avait de la famille là-bas, j'y suis allé. J'étais indépendant très tôt.
Comment était la vie à Freetown ?
Ma famille, en fait, est originaire de Freetown. J'avis une maison pour moi tout seul et une tante me faisait la cuisine, donc j'étais totalement libre, si libre que je séchais les cours ! Mon père était fort en colère. Je marchais jusqu'à cinq kilomètres pour arriver au lycée. A la fin, j'ai quand même réussi mes études et je fus envoyé à Cambridge, en Angleterre, où j'ai étudié le latin et la physique pour pouvoir rentrer à l'école de médecine. J'ai fait aussi de l'opéra, mais il fallait choisir !
C'était la colonisation, avez-vous eu une bourse du gouvernement britannique ?
Non, mon père a tout payé.
Si je comprends bien, vous apparteniez à une famille aisée...
Mon père travaillait beaucoup. Il a fait beaucoup de sacrifices pour nous élever, ma sœur et moi. Et vous savez, ma sœur Florence était la première fille gambienne à aller à l'école. Elle a été la première gambienne docteur en histoire. Le grand souci de mon père était que nous réussissions dans la vie.
Vous avez été connu longtemps en tant que poète gambien. Vous avez publié Satellites et Selected Poems. Pourquoi la poésie alors que vous étudiez la médecine ?
Eh bien, vous savez, mon père était féru de littérature. Il devint sourd, s'est retiré et il lisait beaucoup. Il avait beaucoup de livres. Et il lisait la poésie à haute voix le soir. J'étais alors attiré par la poésie. Alors, j'ai commencé à écrire de la poésie moi-même. J'éprouvais beaucoup de sentiments aussi et je m'exprimais ainsi. Le British Council, à l'époque, avait organisé un concours de nouvelles à Banjul, j'y ai participé et j'ai gagné le premier prix. Cela m'a encouragé à écrire. Lorsque j'étais à Cambridge, j'ai rencontré des poètes... Alors, j'ai envoyé des poèmes à une maison d'édition au Nigeria, à Ulli Beier, qui encourageait l'écriture africaine et les intellectuels à écrire, comme Wole Soyinka. Il m'a alors publié. J'étais très heureux.
Quelle a été votre inspiration ?
Vous savez, j'ai commencé à observer l'Afrique, les Africains dans le monde sous le joug colonial. J'étais blessé par ce qui s'est passé durant la période de l'esclavage. J'écrivais pour moi-même, je ne pensais pas à publier. J'ai montré mes écrits à des amis qui m'ont encouragé à publier ces écrits.
Vous avez donc commencé à vous intéresser à la chose politique ?
Oui.
Alors ?
Comme je vous l'ai dit, mon père était sourd, mais il s'intéressait à la politique locale, aux municipales. En plus, il avait un journal, The Gambian Echo, de 1934 aux années 1960. Souvent, le soir, je l'aidais à revoir les articles que je lisais attentivement. C'est comme cela que la politique a commencé à m'intéresser. Je lisais sur l'Afrique et les questions africaines. C'était une ouverture, et c'était un très bon journal.
Vous avez ensuite écrit un roman, The Second Avenue. Pourquoi le roman ? Pourquoi ce passage de la poésie à la prose ?
J'ai continué à écrire de la poésie et j'avais ce projet d'écrire une trilogie. Je voulais décrire des choses positives et je voulais écrire un roman expérimental. Si j'ai réussi ou pas, c'est une autre histoire. J'ai publié le premier roman, j'ai écrit le second que je n'ai jamais publié. Mon frère faisait du cinéma, j'ai écrit un scénario aussi, mais il a quitté la Gambie pour les Etats-Unis et on s'est perdu de vue.
Pourquoi n'êtes-vous pas allé au bout de votre projet ?
C'était une question de temps. J'étais en Angleterre à l'époque, j'exerçais en tant que chirurgien dans la banlieue de Londres, plus la vie à Londres... Voilà...
Aujourd'hui, je sais que vous venez de terminer un nouveau roman. Pourquoi écrire après tant d'années de silence ?
C'est très curieux, c'est quelque chose qui est en vous, et soudain vous ressentez le besoin d'écrire. Mais ce silence littéraire est dû au fait que je suis chirurgien, c'est une profession qui est très exigeante, et il y a tellement à faire ici... Et en plus, mes amis n'arrêtent pas de me dire qu'il faut écrire. Alors, je me suis dit, il faut le faire avant de partir définitivement.
Alors, c'est une sorte d'héritage ? Quel est le thème de ce roman qui est sur le point d'être publié ?
Je l'espère ! Le titre est The Way Through. Mon personnage principal tente de trouver des solutions aux problèmes de l'Afrique.
En termes de fiction, cela se traduit comment afin d'éviter le programme politique ?
On ne doit pas attendre des solutions collectives. Mon personnage montre que chacun a le droit et la possibilité d'agir pour changer les choses. Par exemple, en Gambie et en Afrique en général, les gens ne manifestent pas, je n'ai jamais vu de manifestations. Parfois, c'est nécessaire.
En Algérie, les gens manifestent, vous savez. Mais revenons à la question qui nous intéresse, la question de la publication en Afrique, qui est problématique. Comment voyez-vous tout cela ?
C'est une question très importante. Je suis très heureux de la situation en Gambie. Certains auteurs sont publiés ici. Nous devons nous organiser afin de publier nos écrits en Afrique et non pas en Europe.
Alors, quelles sont les difficultés ?
Nous avons une tradition orale. Les gens parlent beaucoup. Le processus de l'écriture est étranger à notre culture. Ensuite, les jeunes ne connaissent pas les langues étrangères. il y a un manque flagrant de librairies. Nous en avons une, Timbuktu, à Banjul, qui est bien, mais c'est la seule ! Mais je dois dire que la maison d'édition de Londres, African Writers Series, a beaucoup fait pour la littérature africaine. Mais en Europe, aussi, il y a des problèmes dans le monde de l'édition à cause de l'argent, du profit...
Pouvez-vous nous parler de la littérature gambienne, qui n'est pas très connue ?
D'abord, il existe une littérature gambienne, qui est publiée en Gambie. Et c'est pour cela qu'elle n'est pas connue sur le plan international. Par ailleurs, pour être connue, il faut qu'elle soit dans les programmes scolaires. Et la Gambie, c'est si petit, à l'intérieur du Sénégal. Donc, il y a un problème de langue aussi. Nous devons aussi accepter le Wolof à nos frontières.
Selon vous, est-ce que la littérature gambienne est similaire ou différente de la littérature sénégalaise ?
Elle est différente et il n'y a pas assez de traductions entre ces deux littératures. Par exemple, je ne suis pas traduit en français. Au Sénégal, on ne me connaît pas. Si vous ne parlez pas français, on pense que vous n'êtes pas cultivé ! On doit régler ce problème entre la Gambie et le Sénégal.
Certainement ! L'anglais est la langue officielle en Gambie, pourquoi ce choix ? Y a-t-il un problème de langue en Gambie ?
Non, je ne pense pas. En fait, peu de gens parlent anglais, un bon anglais, en Gambie. Naturellement, c'est la langue officielle dans les administration, les écoles... Mais le problème est là, les gens mélangent les langues, mélangent l'anglais au langues locales, ce qui est très étrange. Ils ne parlent ni dans une langue ni dans une autre.
Donc, l'anglais est la langue de travail ?
Si c'était moi, je changerais tout le système.
En faveur d'autres langues, et quelles sont-elles ?
Il existe douze langues en Gambie, alors laquelle choisir ?
Problème donc. Revenons à la réception du texte. Qui vous lit en Gambie ?
D'abord, mes livres sont épuisés. On m'a dit que dans certains pays, on pensait que j'étais mort.
Mais vous êtes connu en Gambie. Depuis que je suis à Banjul, je sais que tout le monde vous connaît.
Ce qui est sûr, c'est que j'ai donné ma vie à la Gambie, au peuple gambien. Je suis chirurgien, j'avais un restaurant, j'avais une ferme, donc les gens me connaissent. Certains ont lu mes poèmes.
Comment voyez-vous l'avenir de l'Afrique ?
Je suis optimiste. Les problèmes seront résolus, mais cela n'arrivera pas de mon vivant. Nous devons nous regrouper, développer plus d'unité entre nous. Nous serons une puissance, un jour. Les civilisations vont et viennent, elles ont toujours une fin. Et la civilisation américaine aura une fin. Et cela sera le tour de l'Afrique. Mais il faudra régler la question nucléaire, car certains pays africains ont de l'uranium. Cette question doit être abordée dans la paix.
Ma dernière question portera sur la littérature. Quel est son rôle dans la société, selon vous ?
Son rôle est primordial, important dans le monde du commerce dans lequel nous vivons. La littérature nous aide à vivre de manière dynamique. Sans elle, c'est l'asphyxie. La littérature nous aide à voir les choses différemment. Beaucoup de gens ont dit que l'informatique allait tuer la littérature. Et ce n'est pas vrai, c'est le contraire. Ecoutez, M. Lebdaï, comme vous le savez, il n'y a pas mieux qu'un bon livre, n'est-ce pas ? .


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