C'est aujourd'hui que doit se tenir, dans la ville de Sucre, la réunion tant attendue du Congrès bolivien. Tant attendue parce que les participants doivent discuter de l'approbation ou non de la démission du président Carlos Mesa. Le regroupement du Congrès bolivien devait initialement avoir lieu à La Paz, la capitale de la Bolivie. Le lieu de la réunion a dû néanmoins être revu « pour des raisons de sécurité ». En effet, après consultation des différents groupes parlementaires, il a été conclu que La Paz ne réunissait pas des conditions de sécurité suffisantes pour recevoir ce rassemblement. Décidée à la suite d'un discours radiotélévisé de Mesa, expliquant que la Bolivie était « au bord de la guerre civile » et affirmant qu'un nouveau scrutin était l'« unique sortie », cette réunion retient toute l'attention du pays. Des rumeurs courent d'ores et déjà à propos de l'éventuel successeur du Président. Certains proposent une succession constitutionnelle, largement supportée par le Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR), parti du président du Congrès et appuyée par le Mouvement révolutionnaire national (MNR), alors que les partis de l'opposition, notamment le Mouvement pour le socialisme (MAS) et le Mouvement indien pachakuti (MIP), exigent l'organisation d'une élection présidentielle anticipée. Dans la nuit de lundi à mardi dernier, le président Carlos Mesa, au pouvoir depuis octobre 2003, a annoncé sa démission (la troisième en trois mois) à la suite des importantes manifestations sociales que connaît le pays depuis plusieurs semaines, réclamant la nationalisation des hydrocarbures. A noter que le paradoxe de la Bolivie réside dans le fait que ce pays regroupe la population la plus pauvre d'Amérique du Sud, avec 9 millions de personnes (soit les deux tiers de la population) vivant en dessous du seuil de la pauvreté et détient les gisements de gaz naturel les plus importants de la région.