L'assurance prise par Abdelaziz Belkhadem depuis sa nomination comme bras droit du Président Bouteflika au poste stratégique de ministre d'Etat et représentant personnel du chef de l'Etat doit certainement irriter beaucoup de monde autour de lui. Aussi bien dans l'entourage des autres partis de l'Alliance présidentielle, le RND et le MSP, qui ne doivent sans doute pas apprécier que le patron du FLN ait une voix prépondérante au sein et en dehors de l'Alliance - dans les institutions - que du côté du chef du gouvernement qui se voit ainsi doubler par M. Belkhadem. A travers ses déclarations qui outrepassent ses prérogatives de membre de l'Exécutif, ce dernier se comporte comme le vrai chef du gouvernement. D'aucuns n'hésitent pas à voir en lui des attributs d'un vice-président quand on analyse ses incursions dans des domaines réservés du président de la République et du chef du gouvernement. Cette confusion des rôles est apparue au grand jour à la faveur de la polémique qui avait surgi autour de la visite annoncée par des sources marocaines de M. Ouyahia au Maroc. Le patron du Fln, qui campe selon toute apparence le rôle de deuxième homme de l'Etat, se permet même le luxe d'annoncer des décisions qui relèvent de la compétence exclusive du président de la République. Comme il l'a fait hier dans l'entretien accordé à notre confrère Liberté en révélant un projet de révision de la Constitution pour le début de l'année prochaine. Dans cet entretien, M. Belkhadem reprend à son compte les griefs maintes fois réitérés par M. Bouteflika contre la Constitution actuelle qui ne consacre ni le principe d'un régime présidentiel ni celui d'un système parlementaire. Il reste à savoir si MM. Bouteflika et Belkhadem partagent la même vision sur l'exercice du pouvoir et l'articulation entre les différents pouvoirs. En tout état de cause, quelle que soit l'orientation future qui sera imprimée à la Constitution amendée, M. Bouteflika est assuré de ne rien perdre au change. En tant que président du parti majoritaire, il n'a en effet rien à craindre de l'instauration d'un régime parlementaire. Le débat ainsi ouvert par M. Belkhadem apparaît tellement bien inspiré que l'on a du mal à croire qu'il n'ait pas été concocté dans l'antichambre du Pouvoir. Pour pousser Ouyahia vers la porte de sortie par la voie constitutionnelle. Et pour préparer, dans un même souci de rééquilibrage des rapports de forces au sein du sérail, le terrain constitutionnel à un troisième mandat au profit de M. Bouteflika.