Il n'y a aucune campagne anticorruption. La justice fait son travail le plus naturellement, notamment après que notre pays eut retrouvé la paix et grâce aux lois promulguées récemment », a déclaré Tayeb Belaïz, ministre de la Justice, garde des Sceaux, dimanche dernier, devant les cadres de la justice de Tizi Ouzou. Répondant aux « voix qui s'élèvent pour dénoncer une campagne contre la corruption », le ministre rappelle : « La vocation de l'institution judiciaire est de combattre tous les fléaux sociaux : drogue, argent sale, corruption et vol, loin de ce que dit la rue, car un juge doit travailler dans la discrétion et la dignité. » Lors de la séance de travail tenue au siège de la cour de Tizi Ouzou, le garde des Sceaux est revenu sur la réforme de la justice, rappelant que « suite à son élection en 1999 et dans l'objectif de la fondation de l'Etat de droit, le président de la République avait chargé une commission, composée d'éminentes personnalités, d'élaborer une réforme du secteur de la justice ». « Après sept mois de travail, la commission a disséqué l'institution judiciaire et élaboré des propositions dont le premier chapitre est celui de la révision des lois et codes, en majorité conçus en 1966 et 1975 dans une option idéologique de socialisme ». Une réforme d'autant plus nécessaire que « notre pays adopte le libéralisme politique et économique et nos lois doivent s'y adapter », ajoute M. Belaïz. Cet ancien magistrat relève : « L'Algérie ne vit pas en autarcie, mais dans un espace régional et mondial en signant traités et conventions qu'elle doit répercuter dans sa législation, notamment en matière de droits de l'homme, de l'économie qui se mondialise et d'investissement ». Faisant le bilan de son travail en matière de réforme, l'orateur annonce : « 14 textes de loi ont été adoptés pour lutter contre la drogue, le blanchiment d'argent, les codes civil et pénal, la réforme pénitentiaire, alors que trois autres projets de loi ont été déposés au bureau de l'APN pour adoption tout comme seront présentés en Conseil des ministres les codes de procédures pénale et civile. » « Ce sont 21 lois qui seront adoptées d'ici à fin décembre 2005, dont l'une contre la contrebande, annonce le ministre en insistant sur la formation des magistrats, car « si nous avons d'excellentes lois, de l'avis des spécialistes, elles seront sans impact en l'absence d'un personnel d'un haut niveau de qualification ». Ainsi, concernant le juge, « nous avons consolidé l'indépendance du magistrat par une loi organique, réglementé la profession d'avocat et élaboré une loi pour le Conseil supérieur de la magistrature », dit le responsable de la Justice, annonçant un programme de formation à l'étranger, élaboré pour toucher la totalité des juges « qui sont actuellement au nombre de 2829 ». « Un effectif très en deçà des besoins de l'institution », souligne-t-il. En ce sens, « un programme urgent prévoit la formation de 1500 juges à l'horizon 2009 et portera leur nombre à 4500, mais sans satisfaire aux exigences », déplore le garde des Sceaux qui révèle que des magistrats se spécialiseront dans le crime organisé et « des pôles spécialisés seront mis en place », mais dans l'immédiat, « la formation concernera la matière civile, le commerce international, l'économie et les finances », note-t-il. Pour M. Belaïz, « l'Etat de droit, c'est la suprématie des lois, seul recours du juge et du justiciable », rappelant aux magistrats de Tizi Ouzou que « notre rôle au sein de l'Exécutif est d'offrir à la justice tous les moyens matériels et humains pour un meilleur accomplissement de son travail ».