La Bibliothèque nationale du Hamma a servi, hier, de tribune aux anciens compagnons de Mohamed-Chérif Messaâdia, décédé il y a trois ans. Kamel Bouchama, Z'hor Ounissi, Saïd Aït Messaoudène, Mohamed Abada, Abou El Iz, ambassadeur de Palestine à Alger, et d'anciens responsables politiques n'ont pas manqué de rendre un vibrant hommage au responsable du FLN et à celui qui fut « rappelé » par Bouteflika pour occuper le poste de président du Conseil de la nation. Retraçant des « tranches de vie » de l'ancien responsable de l'orientation du parti FLN, Kamel Bouchama dira : « Mohamed Chérif Messaâdia ne cessait pas de dénoncer les maux qui rongeaient à l'époque certains paliers des systèmes politique et économique du pays. Sa confiance et son admiration en la jeunesse algérienne n'avait pas d'égal, elle a même suscité le courroux de certains caciques de l'époque. » Auteur d'un livre biographique sur le défunt, l'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, lors de son passage au pupitre, enchaîne en mettant au jour les « manœuvres » auxquelles recourrait si Mohamed Chérif pour « le bien du pays ». « Il s'était battu sans relâche pour placer les jeunes à la tête des mouhafadhas lorsqu'il fallait, en 1975, redonner du souffle au parti. » Ses détracteurs prenaient cela pour une « mauvaise plaisanterie ». « Et voilà qu'il nous propose des gosses à des postes aussi sensibles dans la hiérarchie du parti », se lamentaient-ils dans les coulisses. Son engagement pour les causes justes dans le monde, ses « injonctions » au peuple à rallier les organisations de masse et ses inlassables combats contre le régionalisme seront au menu de nombreux témoignages de « jeunes » militants de l'époque. « J'ai connu Mohamed Chérif en 1978, quand, à 17 ans, j'avais rejoint la rédaction de l'Unité (organe central de l'UNJA, ndlr). Mon nom avait atterri chez lui suite à un article que j'ai signé portant sur les problèmes de la jeunesse. Depuis, il m'a carrément adopté au point où il n'hésitera pas à me confier, cinq ans plus tard, le poste d'attaché de presse. J'étais chargé de l'assister dans la rédaction de ses discours », se souvient Mokhtar Bourouina, actuel président d'APC d'Alger-Centre (FLN) et, par ailleurs, fondateur du quotidien arabophone Sawt El Ahrar. L'initiative de cette « première rencontre des cadres de la révolution » émane de la section communale UNJA d'El Biar, localité sur les hauteurs d'Alger, où il résidait. Le slogan est intitulé : « Pour que nul n'oublie ». Bien que placé sous le haut patronage du président de la République, l'hommage rendu à Messaâdia a été mystérieusement ignoré par les décideurs, notamment la direction actuelle du FLN, « son parti de toujours », comme l'ont souligné ses anciens amis.