La contrefaçon prend de plus en plus d'ampleur en Algérie et risque, en l'absence d'une réelle stratégie de lutte contre ce phénomène, de porter de grands préjudices à l'économie nationale et aux consommateurs. Selon les services des Douanes algériennes, pas moins d'un million de produits contrefaits ont été découverts et retenus sous douanes l'année dernière dans les trois plus importants ports du pays, Alger, Skikda et Oran. Pour le seul 1er semestre de l'année en cours, 100 000 articles contrefaits ont été également retenus par les mêmes services qui ont eu à traiter, en 2004, 39 demandes émanant de détenteurs de marques et 5 demandes depuis janvier 2005. Ces chiffres, on ne peut plus alarmants, ont été rendus publics, hier à Alger, lors des travaux d'un séminaire régional sur la contrefaçon et la protection des consommateurs organisé par le ministère du Commerce. Le premier responsable du secteur, Hachemi Djaâboub, a indiqué, lors de son intervention, que la lutte contre le marché informel passe nécessairement par la lutte contre ce phénomène, en ce sens que « ce sont les produits contrefaits qui alimentent le plus le marché informel ». Le ministre profitera de l'occasion pour appeler tous les opérateurs économiques et les institutions concernées à la vigilance, d'autant qu'il s'agit d'assurer la protection du consommateur et sa santé. Une agence de prévention des risques alimentaires sera mise en place prochainement, a-t-il annoncé. Pour revenir au bilan des Douanes algériennes, il a été indiqué à ce propos que la contrefaçon en Algérie représente 5 à 10% du commerce national. Elle concerne particulièrement le commerce des pièces de rechange des véhicules, les articles de cosmétique et les produits agroalimentaires. L'intervention d'office des douanes, lorsqu'il s'agit d'une contrefaçon évidente, ou sur demande présentée par les détenteurs de marques déposées ou encore sur renseignements, aboutit souvent à des poursuites judiciaires après l'établissement d'un bulletin d'alerte à la contrefaçon, a indiqué un représentant des Douanes algériennes. Celles-ci n'ont pas manqué de signaler, aussi, que la provenance des marchandises ayant fait l'objet d'imitation frauduleuse est souvent la Chine, les Emirats arabes, la Turquie et Malte. Pour faire face à ce fléau grandissant, la direction générale des Douanes a initié des formations en matière de droit de propriété intellectuelle au profit de son personnel, et ce, avec la collaboration d'institutions algériennes, mais aussi étrangères, tel l'Office américain des brevets et des marques. Il y a lieu de noter qu'une enquête diligentée par le Centre algérien de contrôle de qualité et de l'emballage (CACQE) a révélé que 40,98% de produits contrefaits commercialisés sur le marché algérien sont de fabrication locale et que 41,34% sont des produits importés. L'enquête, qui a porté sur neuf familles de produits et qui a ciblé notamment les cosmétiques, les articles d'hygiène corporelle, les appareils domestiques et les pièces de rechange automobiles, a montré en outre que sur les produits contrefaits importés, 53% proviennent d'Asie, 39% d'Europe et 8% de pays arabes. La Chine détient la « palme » des pays qui alimentent le marché algérien en produits imités avec 41%, suivie de la Turquie (27%) et de l'Indonésie (10%). Selon Hali Sami du CACQE, l'enquête recommande aux autorités compétentes d'engager un travail devant aboutir à la « constitution de brigades mixtes avec la collaboration des Douanes et des services de sécurité afin de localiser les unités de fabrication de produits contrefaits et d'adopter des mesures administratives et dissuasives à l'encontre des contrefacteurs ». Selon Amor Zahi de l'Institut national de propriété industrielle, « le manque à gagner généré par la contrefaçon dans le monde est de l'ordre de 200 à 300 milliards d'euros. Ce phénomène contribue à la suppression de 200 000 emplois par an ».