Que signifierait la vente par Naguib Sawiris, le président d'Orascom Telecom Holding, de sa filiale algérienne Djezzy, si elle avait lieu ? Absolument rien pour les abonnés de Djezzy et ses employés. Il s'agirait juste d'un changement d'actionnaire qui serait, certes, soumis à l'approbation de l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) et donc de l'Etat algérien lui-même ; les 5 millions d'abonnés de l'opérateur mobile ne vont pas être priés d'éteindre leur portable ou de changer d'opérateur même gratuitement, et les employés appelés à se rapprocher de la CNAC pour faire valoir leur droit à l'assurance chômage. Mais les ambitions algériennes de l'Egyptien l'ont poussé, mardi dernier, à l'occasion de la célébration du 5 millionième abonné de Djezzy, à apporter un nouveau démenti catégorique à une information publiée à la mi-mai par le quotidien économique français La Tribune, faisant état de son intention de vendre sa filiale algérienne. La vente aurait été motivée par le financement de l'acquisition de l'opérateur italien. Djezzy vaudrait, actuellement, entre 3 et 4 milliards de dollars, selon le journal. Cette information avait poussé Djezzy à envoyer une mise au point au journal français. « Soyez-en sûr, Djezzy ne sera pas vendu, nous sommes ici pour démontrer que des sociétés arabes peuvent rivaliser avec d'autres étrangères de renommée mondiale », a martelé Naguib Sawiris lors de la conférence de presse tenue mardi dernier. L'article de ce quotidien est paru en pleine phase de négociation du rachat par Sawiris de Wind, le deuxième opérateur italien de téléphonie fixe derrière Telecom Italia et le numéro trois du mobile, après la filiale TIM de Telecom Italia et Vodafone. L'homme d'affaires égyptien menait le consortium Weather dans ces négociations qui ont abouti à la conclusion d'un accord, fin mai. Celui-ci prévoyait le rachat de Wind pour 12,14 milliards d'euros. Les banques ABN Amro, Deutsche Bank et Sanpaolo IMI ont conseillé le consortium mené par Sawiri, Weather, sur l'opération et arrangé son financement, tandis que la banque Rothschild a joué le rôle de conseiller financier et crédit, selon les informations d'agences de presse. Bien qu'une source de Djezzy ait affirmé au quotidien français qu'« Orascom n'a pas l'intention de vendre Djezzy, c'est sa filiale la plus rentable », l'article affirmait que « la stratégie de Naguib Sawaris a toujours été de vendre des licences rentables pour se redéployer ailleurs ». Et de continuer, en citant une source sûre : « Le magnat égyptien sait que c'est le bon moment pour vendre sa filiale algérienne. » Et puis, « dans sa communication en Algérie, Orascom insiste beaucoup sur le nombre d'abonnés pour mieux valoriser Djezzy ». Tout en rappelant que « Djezzy domine le marché algérien de la téléphonie mobile », il met un bémol en affirmant que « ses parts de marché ne cessent de reculer depuis l'été dernier avec l'arrivée du troisième opérateur de téléphonie mobile, le koweïtien Wataniya Télécoms et, surtout, le réveil spectaculaire de Mobilis, la filiale de téléphonie de l'opérateur historique Algérie Télécoms ». Le journal conclut que l'opérateur mobile « s'inquiète sérieusement de l'arrivée éventuelle de France Télécoms ou de Téléfonica dans le capital de Mobilis que le gouvernement algérien compte privatiser en 2006 ». Un sujet clos, après ce démenti algérien de Sawiris ?