Le dernier café littéraire de la Bibliothèque nationale du Hamma, qui s'est tenu hier, avait pour thème « La presse littéraire en Algérie ». Sujet délicat, vaste et difficile à cerner. C'est du moins ce qui ressort du débat animé par deux journalistes de la presse littéraire des années 1980 : Belkacem Benabdallah, ancien journaliste à l'APS (agence officielle), et Allawa Djarwa Wahbi, journaliste à Ennasr (gouvernemental). Ce dernier commencera par une précision de taille : la presse littéraire n'a jamais existé en Algérie, « nous avons des pages et des suppléments culturels dans les quotidiens ». Il évoquera les trois expériences qu'a connues le pays dans ce domaine, à savoir les deux bimensuels Echaâb Ethaqafi et Djoussour, ainsi que le mensuel El Ahrar Ethaqafi, et dont la vie fut assez brève, puisqu'ils n'existent plus depuis de longues années. Pour cet ancien journaliste, « les rubriques culturelles sont les premières victimes de la publicité dans les quotidiens », précise-t-il et d'ajouter que « les médias algériens ont fait du commerce avec le sang des Algériens durant la décennie noire ». Commencerait-on à remettre en cause les acquis d'une démocratie naissante ? Il semble bien que pour cet intervenant, la presse d'aujourd'hui ne vaut pas grand-chose en termes de qualité. Une fois de plus, on oublie que le plus vieux quotidien indépendant a tout juste une quinzaine d'année et qu'on ne peut, dans ce domaine, se comparer aux Européens ni aux Moyen-Orientaux. Le second intervenant, Belkacem Benabdallah, rectifie le tir en précisant que la relation entre la presse et la littérature est constante et complémentaire, « l'une a servi à l'autre et vice-versa ». De son côté, il évoquera ses expériences et ses passages dans de nombreux organes, notamment à El Djoumhouria, où la page surnommée « Le club littéraire » fut un véritable succès durant dix années.