A l'approche du vote par le Conseil de sécurité d'une nouvelle résolution sur le Sahara-Occidental, les dirigeants sahraouis ont déjà tout dit sur ce qu'ils pensent du plan avancé en ce sens par le secrétaire général Kofi Annan. Pas question de renoncer au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination qui, seul, est en droit de décider du statut de ce territoire à travers sa réponse à la question « indépendance ou rattachement au Maroc ». Refus donc de toute négociation. Mais cela n'empêche pas de se pencher sur la situation imposée au peuple sahraoui et que le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, a évoquée dans le détail, dans une lettre au secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, l'appelant à intervenir pour « exiger la libération de tous les détenus politiques sahraouis » et « l'arrêt de la campagne de terreur en cours » dans les territoires occupés du Sahara-Occidental. « Alors que le Conseil de sécurité entame la discussion sur votre dernier rapport, la situation dans les territoires occupés du Sahara-Occidental connaît une sérieuse détérioration », souligne M. Abdelaziz. Le Chef de l'Etat sahraoui, également secrétaire général du Front Polisario, a noté que « malheureusement et contrairement a ce qui été annoncé avec fracas par les autorités marocaines, tous les prisonniers d'opinion sahraouis n'ont pas été libérés, 13 personnes restent encore incarcérées dans les prisons d'El Ayoun et d'Agadir ». Mohamed Abdelaziz ne se contente pas d'énumérer les cas d'abus ou encore toutes les facettes de la politique marocaine de répression, mais il avance aussi des propositions afin de mettre fin à cette répression aveugle, le territoire étant fermé à tout témoin, sinon de simples visites guidées. Ainsi, dira-t-il, cette situation « montre surtout qu'en attendant le parachèvement de la décolonisation du territoire, combien il est impérieux d'investir la Minurso de la mission de veiller au respect des droits de l'homme au Sahara-Occidental et de rapporter tout abus constaté à vous et au Conseil de sécurité ». Cette mission chargée de l'organisation du référendum au Sahara-Occidental a souvent été mise en cause face à la répression marocaine, pour avoir livré aux autorités d'occupation des manifestants sahraouis qui croyaient trouver refuge dans ses locaux alors qu'ils fuyaient les opérations de répression. De son côté, Ahmed Sidati, représentant du Front Polisario en Europe, a affirmé que le peuple sahraoui rejette toute tentative visant à aboutir à un règlement du conflit au Sahara-Occidental, en dehors des principes d'un juste et libre référendum et de l'autodétermination. Au sujet du dernier rapport du secrétaire général des Nations unies, le responsable sahraoui a indiqué « qu'il ne satisfait pas aux attentes du peuple sahraoui » et « traduit » une volonté de transgresser le principe de son droit à l'autodétermination, à travers un référendum libre et juste, qui fait l'objet d'un consensus de la communauté internationale et qui est conforme à la charte des Nations unies dans son chapitre consacré à la décolonisation. Le responsable sahraoui a exprimé « l'inquiétude et la préoccupation » de la partie sahraouie quant à la proposition contenue dans le rapport du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, qui évoque « la tenue de négociations directes », et de s'interroger « si cette proposition est une manière de substituer ces négociations à l'autodétermination ». Il s'est demandé, par ailleurs, si cette proposition « est une manière d'enterrer le plan de paix et un aveu de l'abdication des Nations unies face aux pratiques irresponsables et irrationnelles du Maroc qui persiste à ignorer les décisions de la communauté internationale et les résolutions des Nations unies notamment la résolution n° 1495, qui a constitué, dira t-il, « la base d'un règlement du conflit au Sahara-Occidental, à travers l'organisation d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui ». Ce que déclarera ce responsable est en soi révélateur du double discours. Le rapport du secrétaire général des Nations unies n'aurait pris cette tournure, dira-t-il en substance, n'était « la complicité du Maroc, de la France et de l'Espagne ». Ces deux pays « ont une lourde responsabilité » dans le prolongement du conflit au Sahara-Occidental. « Le conflit au Sahara-Occidental aurait pu être réglé si la France et l'Espagne n'avaient pas pris parti avec le Maroc alimentant ainsi le conflit et contribuant à la déstabilisation de la région ».