L'élimination des Verts de la CAN 2006 et de la Coupe du monde 2006 a provoqué une nouvelle onde de choc au sein de l'opinion publique même si cette dernière était préparée à cette (inéluctable ?) issue depuis des années. Sonne-t-elle vraiment le glas d'un football qui a prouvé, dans un passé pas très lointain, qu'il est capable de rivaliser avec les meilleurs lorsqu'il est placé dans les conditions qui favorisent sa réussite ? C'est la sempiternelle interrogation qui revient après chaque douloureuse élimination. C'est surtout une belle aubaine pour les pourfendeurs du football de monter au créneau et s'adonner à l'exercice le moins périlleux qui consiste à aligner des constats sans proposer une seule solution (objective) pour redresser la situation du sport roi. Oui, le football algérien traverse une crise à l'instar de tous les autres secteurs. Pourquoi faudrait-il qu'il soit en meilleure santé que l'éducation, l'économie, le tourisme, le transport, l'agriculture..., alors qu'il émarge à un secteur (jeunesse et sport) qui bénéficie du plus faible budget que l'Etat alloue aux différents secteurs ? Aussi douloureuses soient-elles les successives contre-performances de la sélection nationale, elles ne sont en définitive que la conséquence logique d'un processus qui favorise l'échec. En football, plus que dans d'autres domaines, la réussite a un prix. Pour y parvenir, il faut réunir un certain nombre de conditions comme le travail, la compétence, l'engagement, le talent cultivé à la base et accompagné jusqu'au sommet, tant de choses qui n'existent plus dans la panoplie des différents acteurs et segments du football. Comment ce dernier peut-il s'épanouir si le minimum n'est pas assuré ? Jouer la Coupe du monde, c'est bien. Remporter la Coupe d'Afrique, c'est mieux. Mais avec quoi ? Avec l'infrastructure sinistrée qui fait office de décor pour les compétitions, avec les moyens financiers qui ne permettent même pas d'enrôler un entraîneur étranger de second rang, alors que nos voisins se paient le luxe de s'attacher les services de coaches de renom ? C'est bien, par exemple, de parler de formation, mais il faut la définir d'abord. De quelle formation parle-t-on lorsqu'on connaît le déficit que l'Algérie accuse dans le domaine de la prise en charge efficiente de ce volet hyper important. Tous les clubs d'Algérie sont des sdf. Aucun ne possède sa propre infrastructure, ses installations pour accueillir les jeunes, les former. Conséquence, les footballeurs ne travaillent pas assez faute d'espace et de temps. Ces handicaps s'accumulent des années et finissent, au bout, par pénaliser nos footballeurs lorsque sonne l'heure de vérité. A ce moment-là, et à l'unanimité, les commentaires parleront d'« enfants perdus dans un jeu d'hommes ». Pour boucler sa traversée du désert, le football algérien a besoin d'un plan Marshall, pour ne pas dire d'une révolution. L'Etat doit clarifier sa position vis-à-vis du football. Pour l'instant, il a un pied dedans et un autre dehors. Le football de haut niveau ne peut souffrir de cette ambiguïté. On est pour ou contre. Y a pas de juste milieu, comme c'était le cas jusqu'à présent, quitte ensuite pour que l'ordonnateur exerce pleinement son contrôle sur les moyens fournis. Des tonnes de pages ne suffiraient pas pour énumérer les lacunes et manques qui pénalisent le football. Ce dernier restera prisonnier de cette situation, avec tout ce qui en découle (défaites, éliminations, déceptions, crises...), tant que le mal ne sera pas attaqué à la base et sans démagogie.