Que reste-t-il des jardins publics et des prés verdoyants d'antan qui faisaient la fierté de Chelghoum Laïd, ex-Chateaudun du Rhumel, pour les nostalgiques ? Rien, sinon pas grand-chose. De nos jours, l'on évoque avec une pointe d'amertume, mais aussi avec un brin d'orgueil, la magnificence et la splendeur de ces espaces féeriques qui s'étalaient sur toute la bande sud du village et que l'on appelait Djenane El Hakem. Au gré du temps qui passe et face à l'urbanisation incohérente, ces sites voluptueux, qui se caractérisaient par une végétation luxuriante où foisonnaient les arbres fruitiers, tels les néfliers, les orangers et les figuiers et qui agrémentaient superbement la nature, sont dans une situation lamentable. L'étendue des prairies mitoyennes avec les bois de Djenane El Hakem provoquait l'émerveillement des visiteurs et attirait irrésistiblement les promeneurs. En arrière-plan, Oued Rhumel charriait inlassablement dans son cours les eaux ruisselantes et alimentait une nuée d'affluents et de petits ruisseaux qui se déversaient dans les prairies contiguës. « Pour un coin de détente et d'évasion, c'en était vraiment un. » Même de nuit, ces jardins publics ne désemplissaient pas, car il y avait de l'ambiance et de l'animation, à l'image des soirées artistiques et des manifestations folkloriques organisées autrefois dans un climat de convivialité, marqué entre autres par les randonnées familiales et les évasions nocturnes, très prisées par les villageois. Autres temps, autres mœurs. Cette oasis envoûteuse s'est transformée à présent en un dépotoir hétéroclite pollué par toutes sortes d'effluves et de rejets domestiques.