L'entreprise comme catégorie économique moderne s'est révélée « mal invitée » dans notre société. Investie comme instrument du développement, elle s'est retrouvée au cœur des interventions de l'Etat en fondation. Cet interventionnisme a fait plus parler le discours politique et parfois idéologique, que la parole de l'efficiency ; et l'entreprise s'est ainsi peu exprimée comme instrument du discours parlant la réalité économique. L'Etat et l'entreprise, ces deux réalités molles des sociétés en développement, constituent l'essentiel des analyses que nous livre ce nouvel ouvrage du sociologue Omar Benbekhti qui présente, là, sa troisième publication aux éditions Dar El Gharb d'Oran. Après une première livraison d'études méthodologiques sur l'organisation et l'analyse du travail en système industriel publié à l'Office des publications universitaires (OPU), ce livre est le fruit d'un long cheminement en tant qu'enseignant et consultant et une pratique de formation au management et à la gestion des ressources humaines qu'il a assurée pour le compte de cadres gestionnaires dans de nombreuses entreprises. Le propos n'est pas seulement celui du formateur mais aussi de l'homme de terrain, car Omar Benbekhti a eu à assurer plusieurs fonctions de manager et des responsabilités dans la haute administration de l'Etat. Ce parcours diversifié se retrouve dans les analyses qu'il nous livre, tentant de mettre en relation le propos théorique nourri des divers courants de la « science » et « l'idéologie » managériale aux pratiques et réalités du terrain investies au sein de l'administration de l'Etat et de la gestion d'entreprises. L'ouvrage que livre Omar Benbekhti ne se présente donc pas seulement comme un recueil ou une présentation d'approches académiques sur l'Etat, l'entreprise et le management ; il est aussi une illustration vivante des incohérences, des conflits et des faiblesses qui affectent la construction d'institutions en mal de fondation qui restent des moteurs de l'évolution de la société algérienne. L'auteur, par ailleurs consultant international, aborde avec une certaine distance la nécessité de produire du sens et de la cohérence dans une démarche étatique qui s'est souvent caractérisée par un mimétisme de façade, des sauts à la cause, de l'inconstance et surtout le renoncement à la fondation de références construites et non pas seulement empruntées. Or, c'est bien une référence qu'il s'agit de fonder pour assurer un fonctionnement normalisé, voire normé à l'Etat et à l'entreprise en Algérie.