Evoquer la réforme hospitalière en Algérie, c'est remettre sur le tapis tous les tracas dont souffre la santé publique. Ce fameux projet, qui entrera en vigueur prochainement et que le ministre s'évertue à concrétiser, risque, faute d'adaptation à la nouvelle donne socioéconomique de se heurter à d'autres réalités du terrain, et par voie de conséquence influer sur les couches sociales les plus démunies. Il y a huit mois, l'hôpital de Ras El Oued a été éclaboussé par un scandale financier dans lequel sont impliqués le chef de service paie et son adjoint pour détournement de deniers publics. Onze personnes ont été suspendues dans cette affaire. La gestion trop laxiste de cette structure sanitaire s'est répercutée sur la qualité des prestations médicales décriées par une population livrée à elle-même et pourtant forte de plus de 60 000 âmes sans compter les communes relevant de son secteur. A vrai dire, avec le départ de la mission hongroise, ce chef-d'œuvre de 240 lits réalisé dans les années 1980 par Groupement des entreprises belges en Algérie (GEBA) a perdu complètement sa notoriété, et la réputation qu'il s'est forgée s'est volatilisée. En effet, il est en passe de devenir un dispensaire, faute de spécialistes : le taux d'occupation dans certains services est largement en deçà de la moyenne à l'instar des deux services de chirurgie où l'on ne compte pas un seul opéré. C'est du moins ce qu'on a constaté lors de notre passage. Le seul chirurgien relevant du secteur est en congé. Quant aux spécialistes conventionnés, ils ont leur méthode de travail, et ce n'est un secret pour personne, le reste des structures ne fonctionne que grâce à une équipe de médecins généralistes. Pour illustrer la situation qui prévaut, on a jugé bon de soulever les problèmes dont souffre la maternité en l'absence d'un gynécologue. En cas de complications, les accoucheuses et les sages-femmes se trouvent dans l'embarras surtout quand on sait que les deux structures qui disposent des services de gynécologie-obstétrique de Bordj Bou Arréridj et du CHU de Sétif refusent parfois l'accès aux patientes venues de Ras El Oued : le manque de lit serait à l'origine de ce refus. Dans ce cas, le service serait dans l'obligation d'évacuer les patientes vers Constantine à 240 km. A cela s'ajoutent les misères que subissent les malades et les accompagnateurs au service d'urgence qui s'avère trop exigu. L'administration a eu l'ingénieuse idée d'aménager la salle d'attente en bureau d'admission et le couloir en salle d'attente sans respect aucun pour les malades. Certains patients sont allongés à même le sol. Le comble est que tout visiteur doit passer par le pavillon des urgences qui fait office de « portail ». N'est-il pas temps de procéder à des changements qui pourraient contribuer à l'amélioration de la situation ?