Les usagers empruntant le tunnel Oued Ouchaïah ont dû incontestablement remarquer une prolifération de taudis à l'orée de la forêt, située au-dessus de cet ouvrage, plus précisément en contrebas de la cité les Palmiers. Ces masures, récemment construites avec des matériaux de fortune, entre autres le parpaing, gagnent du terrain aux dépens de la plantation. « Au début, il n'existait qu'un seul taudis, mais profitant du silence et de la passivité des autorités locales, d'autres indus occupants ont implanté leur masure au sein même de la pinède. Celle-ci subit en ce moment de graves préjudices », a déclaré un habitant. D'après lui, cette futaie constitue l'unique espace vert de la localité. Or, si elle a échappé jusque-là aux mains des destructeurs, présentement, elle se détériore progressivement au vu et au su des autorités. « Ni le P/APC de Bachedjarah, ni le conservateur des forêts, ni même le wali délégué de la circonscription administrative d'El Harrach n'ont manifesté la moindre intention pour mettre un terme à cette action destructrice », a-t-il enchaîné. Les assemblées des communes limitrophes, à l'instar de celle de Kouba, ont procédé à l'éradication des bidonvilles conformément à la réglementation en vigueur. Celle de Bachedjarah a entrepris une procédure dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire (RHP), mais la démarche a été illégale. En 2002, après avoir délocalisé le bidonville de la ferme Descun, située à la limite de Haï El Badr, le P/APC sortant a procédé au lotissement du terrain dûment récupéré. Des élus ainsi que leurs proches auraient, nous disent nos interlocuteurs, bénéficié de lots de terrain qu'ils ont revendu à plus de 100 millions de centimes, sans se soucier de la moindre poursuite judiciaire. Dans cette même commune, une opération similaire a été reproduite en 2004 au bidonville d'El Kharoub. Elle a été orchestrée par les élus de l'assemblée sortante. Comme de coutume, ceux-ci auraient bénéficié au même titre que leurs proches, de lots de terrain. « Aussitôt que des parcelles de terrain ont été attribuées, des constructions furent entamées. Juste après, un arrêt des travaux a été décidé par le wali délégué. Mais cela n'est qu'un trompe-l'œil. Aucune suite effective n'a eu lieu sur le terrain. Cela veut dire que la commune de Bachedjarah demeure, comme toujours, le règne de l'impunité », a poursuivi notre interlocuteur. Ce n'est pas fini. Une autre tentative, relevant de la même logique, a été préparée cette fois-ci à la ferme Segui. Celle-ci, doit-on le préciser, est située également à Haï El Badr, à proximité des ateliers du métro d'Alger. « Plus de100 lots de terrain ont été dégagés, d'après une estimation préliminaire. Ce qui permettrait de faire bénéficier illégalement les indus occupants, mais aussi et comme à l'accoutumée, certains élus et quelques commis de l'Etat », a-t-on appris auprès de certaines sources proches de l'APC. Concernant cette dernière proposition, le P/APC nous a déclaré, lors d'une précédente rencontre, qu'une étude était en cours. Celle-ci avait pour objectif le lotissement du terrain d'assiette où est implanté le bidonville précité. « Le wali délégué n'a pas donné son aval à travers un document écrit », a déclaré le P/APC (voir El Watan du 13 octobre 2004). Néanmoins, selon nos sources, ce genre de propositions reflète des calculs et des moyens détournés, employés par certains instigateurs. Ces derniers qui s'autoproclamaient du titre de « cadres » de l'APC ont, selon les mêmes sources, bénéficié de plusieurs lots de terrains, de logements et de locaux commerciaux. « Aucune enquête n'a été diligentée pour situer leur responsabilité concernant plusieurs détournements de biens publics. L'unique investigation effectuée en ce sens a été menée par un magistrat de la Cour des comptes. Mais les résultats sont ignorés pour le moment », ont indiqué nos interlocuteurs. Au demeurant, l'action ravageuse, qui est en train de s'accomplir au-dessus du tunnel de Oued Ouchaïah, n'est que le prolongement d'un instinct destructeur, nourri par des cupidités infâmes. Mais si les autorités n'interviennent pas pour mettre un terme à ces dépassements, les infiltrations des eaux usées dues à l'absence des canalisations, pourront corroder l'ossature du tunnel. Comme celui-ci est un ouvrage en béton, ces rejets favoriseront sa détérioration. Décidément, si un bidonville peut cacher une forêt, il pourra aussi occasionner de graves dégâts pour cet ouvrage d'une utilité incontestable pour la collectivité