Scène de la délinquance ordinaire qui défie la chaleur et la moiteur d'un été torride. Un fifrelin au visage encore imberbe, mais apparemment déjà initié au vol à la tire, surgit au beau milieu de la foule des passants et se jeta comme un félin sur une jeune fille pour lui arracher son collier. Il parvint à ses fins. Sitôt l'acte perpétré, il tenta de disparaître à la vitesse de l'éclair. Les gestes sont réglés comme une horloge. On choisit sa proie, on la cible discrètement et, au moment propice, on s'abat sur elle, profitant de l'effet de surprise, de l'affolement, voire même de l'effroi et de la stupeur de la victime. Du vrai métier de malfrat, appris à l'école du vice, de la malhonnêteté et de la rapine. Pour cette fois, le petit margoulin avait compté sans le sans-froid de la jeune femme qui ne voulait pas baisser les bras. Elle poursuivit le voleur en ameutant toute la rue. Ses cris et ses efforts furent payants. Quelques âmes bien nées lui portèrent secours en se lançant derrière le chapardeur. Ambiance fébrile. Course-poursuite et, finalement, le voleur sentant le roussi, lâcha son butin. Il perdit la partie et, visiblement, choisit de ne pas insister, car l'affaire se corsait et l'étau se resserrait sur lui. Ce geste fut suffisant pour lui assurer une retraite inespérée. Tout est bien qui finit bien. Il y a des réactions qui rassurent et démontrent que le civisme n'a pas complètement disparu de la cité. Les délits se nourrissent de la passivité et de l'indifférence. L'impunité ne prospère jamais autant que lorsqu'elle n'a pour seul adversaire que la résignation et l'apathie. On assiste souvent à des actes délictueux qui se commettent ouvertement, outrageusement, à ciel ouvert, au vu et au su des passants. On répugne à réagir par insouciance ou, plus précisément, par peur. Trop de délinquants le savent et en abusent. Ce sont souvent les faibles gens qui en font les frais. Le courage n'a jamais été le propre des agresseurs de tout acabit.