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El Islah
Le RND accusé de complot
Publié dans El Watan le 29 - 06 - 2005

Quelques secondes d'hésitation, mais pas le temps de tourner sept fois la langue. « Il y a des individus du RND qui ont fait bouger ces gens-là », a révélé, hier, Abdelghafour Saâdi, vice-président d'El Islah, lors d'une conférence de presse au Centre international de presse (CIP), à Alger, accusant des militants du parti d'Ahmed Ouyahia d'orchestrer la campagne de déstabilisation contre son parti.
Acculé par les journalistes pour indiquer l'identité du parti qu'il accusait d'être à l'origine du « complot » contre El Islah, il a fini par lâcher le morceau. M. Saâdi a expliqué que les militants de « cet autre parti » guidaient étroitement les « exclus, el mafsouline » d'El Islah. Quelques minutes plus tôt, il hésitait encore : « Le pays ne vit pas une réelle démocratie ni un réel multipartisme, je ne peux dire les choses dans le détail ou citer des noms. » « Nous faisons peur à ce point ? », s'est interrogé Miloud Chorfi, porte-parole du RND, contacté pour réagir aux accusations du parti islamiste. « Nous démentons ces propos. » Nous respectons la souveraineté de chaque parti tant que nous sommes dans un Etat de multipartisme. Ils sont dans l'opposition, nous, c'est autre chose. Le RND est innocent. Nous ne nous ingérons pas dans les affaires d'El Islah, et eux, ils ne s'ingèrent pas dans les nôtres. Ils règlent leurs problèmes au sein de leurs structures », a indiqué M. Chorfi. El Islah d'Abdallah Djaballah connaît, depuis des mois, un schisme opéré par des « redresseurs », guidés par un groupe de cinq responsables, bénéficiant de l'immunité parlementaire, dont l'ancien président du madjlis echoura (conseil consultatif), Mohamed Boulahia. En décembre 2004, 13 membres d'El Islah sont passés devant la commission disciplinaire. « Certains d'entre nous ont été incapables de suivre notre ligne d'opposition et suivent d'autres partis qui ont des ministres, enfin, des fonctionnaires », a dit le vice-président d'El Islah. Les anti-Djaballah organisent des réunions qui se veulent des « congrès de wilaya » selon des procédés rappelant les techniques des « redresseurs » du FLN. Le conflit a fait un détour par la chambre administrative de la cour d'Alger, qui devra statuer sur le dossier, le 12 juillet prochain, après un report demandé par le parquet. « Une demande inédite », a souligné Lakhdar Benkhelaf, chargé de l'organique à El Islah. Les cadres d'El Islah ont, néanmoins, déclaré que les « pouvoirs publics » se comportaient « normalement » avec leur parti. On est loin, selon eux, de la machine de guerre qui a dévitalisé le FLN d'Ali Benflis, en prévision de la présidentielle 2004. « A l'approche d'échéances importantes, on observe des mouvements similaires », a commenté Abbès Zouiten, chargé des finances à El Islah. A la lumière des accusations d'El Islah, dernier opus du frémissement politique à Alger, la carte de la scène nationale s'ordonne en lignes de front qui se croisent.
Déjà les élections de 2007
Le RND fustige la proposition de révision constitutionnelle avancée par le FLN. Ce dernier dénonce l'opération « mains propres » du chef du gouvernement et patron du RND, et les deux n'ont pas envisagé d'affronter les élections locales et législatives de 2007 dans des listes communes, idée soufflée par Bouguerra Soltani du MSP. Pis, la visite d'Ouyahia à Rabat est annulée alors que Belkhadem, ministre d'Etat, l'a annoncée, donnant l'impression que les calculs politiques, au sein d'une Alliance de moins en moins sacrée, hypothèquent un axe de la politique étrangère du pays. Le MSP se fait taper sur les doigts par la décision d'Abdelaziz Bouteflika de supprimer la filière des sciences islamiques dans le lycée. L'approche des élections de 2007 justifie-t-elle que les alliés se tirent dans les pattes ? « Nos alliés n'ont pas compris la signification de l'Alliance. Nous sommes chargés d'appliquer le programme du Président », a commenté un cadre du RND. Programme dont l'âme imposée reste la réconciliation nationale dont découlerait le projet, imprécis, de l'amnistie générale. Selon Bouguerra Soltani, l'évidence de l'utilité de l'amnistie au pays lui économiserait le luxe du débat. Là, le consensus est réalisé par les partis de l'Alliance, malgré les réserves fines du RND, né dans la tourmente de la guerre. Les ONG et les militants algériens des droits de l'homme ne cessent d'avertir contre les risques d'impunité d'une amnistie générale imposée sans débats dans la société, sans réformes sérieuses de la justice. Quand aura lieu ce débat ? Personne dans l'Alliance, garante du programme présidentiel, ne le dit. Le programme présidentiel repose également sur le plan de relance économique, qui mobilise 55 milliards de dollars. Projet géant aux pieds d'argile vu le déficit structurel en contrôle de l'argent public. Un député du FLN a souligné, lundi 27 juin au forum d'El Moudjahid, l'insuffisance du contrôle a priori impliqué par la loi de finances et l'absence de contrôle a posteriori découlant de la loi de règlement budgétaire. Sur ce point-là, l'Alliance, officiellement préoccupée par l'application du programme présidentiel, reste curieusement silencieuse.


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