Les cadres du secteur de la Culture tiennent depuis hier au complexe militaire de Beni Messous à Alger une conférence nationale présidée par la ministre de la Culture, Khalida Toumi. « Restaurer et restructurer l'identité nationale », c'est sous cet intitulé que se pose l'action du ministère de la Culture à l'horizon 2009. Un objectif édicté par le président de la République au titre du programme complémentaire de soutien à la croissance (PCSC) qui octroie au secteur 16 milliards de dinars de crédits, probablement la plus importante participation de l'Etat au secteur depuis les années 1990. La ministre de la Culture a parlé dans son intervention d'« une prise de conscience unanime » de l'importance de la Culture dans le « développement de la société ». « Notre combat mené depuis trois années a porté ses fruits. Nous l'avons voulu, nous l'avons obtenu », a-t-elle argué, en ajoutant à l'adresse des 48 directeurs de wilaya et chefs des établissements sous tutelle : « Nous devons aller de l'avant... et relever le défi. » Et les termes du défi sont là. Selon Ahmed Oussadit, directeur des études prospectives au ministère, le taux de consommation des crédits au niveaux des directions de wilaya est de l'ordre de 35 % sur des projets datant pour certains de 1995. « Un rythme de réalisation trop long », estime-t-il sobrement. Des dysfonctionnements impliquant « surcoût et procédures de réévaluation » et qui mettent ainsi en cause la « crédibilité du ministère de la Culture ». Le rapport de ce responsable ne s'arrête pas là. En vue de la mise en marche de PCSC, le ministère de la Culture avait demandé à ses directeurs de lui fournir des rapports de situation mensuels. Sur les 240 rapports attendus, seuls 96 sont parvenus à la tutelle. « Nos directeurs de la culture ont des difficultés pour accéder à l'information. Parfois même ils n'y accèdent pas », relève ce responsable. Résultat : des renseignements « incomplets, pas toujours cohérents », voire « inexploitables ». Au ministère se pose alors la question de savoir « l'importance de la place qu'occupe notre directeur de la culture au sein de l'exécutif de la wilaya et sur le crédit que lui portent les autres collègues du même exécutif ». M. Oussadit se demande encore s'il « existe un rapport de forces au sein de certaines wilayas qui désavantage certains de nos directeurs ou est-ce leur faiblesse qui les empêche de s'imposer ? ». C'est sur ce terrain très peu favorable que doit se bâtir le projet voulu par M. Bouteflika, « arraché » et exécuté par la ministre de la Culture : création d'édifices culturels, rénovation de ceux existants, acquisition et renouvellement des équipements, études de restauration et plan de protection des sites historiques et archéologiques. A la « restauration et la restructuration de l'identité nationale » demandée par le président de la République aurait pu répondre une restauration et une restructuration du ministère lui-même. A défaut, le département de Khalida Toumi fait appel à ses directeurs en ces termes : « Ce programme a besoin que nous quittions tous nos casquettes conventionnelles et que nous nous transformions en bâtisseurs et en réalisateurs. »