C'est en cette fin de semaine qu'ont abouti, dans la capitale des Ouled Si Cheikh, à 100 km au sud d'El Bayadh, les intenses préparatifs qui auront duré plusieurs semaines pour la tenue des cérémonies exaltant le souvenir du saint patron des lieux. Le décor planté, la ville et ses alentours qui connaissent à chaque fois une affluence sans commune mesure avec les célébrations dont jouissent, par ailleurs, d'autres saints à travers la région, vivront pendant trois jours dans une ambiance où s'alternera la ferveur des complaintes religieuses et la fougue des cavaliers « Guerraridj » chevauchant leurs montures dans une fantasia endiablée. Il faut dire que la tradition perpétuée, depuis des lustres, a acquis au fil du temps une renommée qui remonte aussi loin que celle qu'a portée, par la suite, l'insurrection des Ouled Sidi Cheikh, sous la conduite de Cheikh Bouamama contre l'occupant Français en 1864. Depuis et à chaque nouvelle occasion, les représentants des 24 tribus que compte le pays des Laghouat Ksel, convergent, drapés dans les oripeaux de leur foi, vers le mausolée du saint homme pour y déposer les signes de leur vénération, ou simplement, partager l'allégeance de ses fils à son envergure spirituelle. Souvent, de région aussi lointaine que celle d'Oran ou de Relizane, des escouades de véhicules se mettent en branle pour être à l'heure des premières manifestations d'allégresse et de piété. La paisible localité de Labiodh Sidi Cheikh voit durant, ce laps de temps, ses proportions passer du simple au double avec l'érection de dizaines de tentes aux alentours du mausolée, ou dans l'enceinte du marché gigantesque qui se tient à l'occasion. L'hospitalité légendaire des gens du sud trouve alors sa meilleure expression avec la qualité impressionnante de couscous préparé, de mouton sacrifié ou de la sollicitude des habitants de la ville de Labiodh Sidi Cheikh qui s'évertuent à rendre le séjour de leurs hôtes aussi agréable que possible. En offrant le gîte à ceux qui ont été pris au dépourvu et aux étrangers de passage, qu'auront attiré les échos bienveillants colportés sur leur compte. Rien que le nombre de véhicules et de personnes qui ont envahi, mercredi pendant toute l'après-midi, la gare routière au départ d'El Bayadh, où les places à destination de Labiodh Sidi Cheikh, étaient prise d'assaut, sans distinction, par des hommes et des femmes jeunes et moins jeunes, soucieux de ne pas demeurer en reste, dans ce qui s'apparente à un véritable pèlerinage, témoigne de l'emplir que revêt cet événement. Il faut dire que ceux qui viennent, le font pour quémander les faveurs et la bénédiction du saint et se détacher pendant trois jours d'un quotidien pas toujours facile à vivre, fut-ce au prix des désagréments supplémentaires à supporter, la chaleur et la persistance des vents de sable prévus pour cette fin de semaine.