L'économie nationale consomme des services sans être capable d'en produire et les prolongements des activités productives au niveau des prestations de services sont faibles », tel est le constat d'une manière générale du projet de rapport sur la conjoncture économique et sociale du deuxième semestre 2004 du Conseil national économique et social (CNES). Cet état de fait s'est traduit par une hausse des importations des services qui sont passées de 2,9 milliards de dollars à 4,2 milliards de dollars entre 2003 et 2004. Ce que le rapport considère comme étant « inquiétant », soulignant que « la contrepartie économique des revenus distribués semble de plus en plus fléchir et que la prestation des services extérieurs devient de plus en plus pesante ». Dans ce contexte, l'importation de produits alimentaires ne cesse d'augmenter. « Les céréales, semoules, farines et laits représentent à eux seuls plus de 62% de la structure globale des importations », observe le rapport du CNES. Globalement, une forte croissance des importations a été constatée en 2004. Cet organisme attire l'attention sur le fait que la cadence de cette tendance haussière dépasse celle du produit intérieur brut (PIB). Le CNES met en garde quant à l'incapacité des acteurs de l'économie nationale à faire face à la concurrence étrangère qui s'annonce plus rude avec les échéances à venir. « La tendance évolutive des importations de marchandises et l'élargissement du déficit des services remet sur le devant de la scène la question de compétitivité externe de l'économie avec, comme perspective sous-jacente, l'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et la mise en œuvre de l'accord d'association avec l'Union européenne (UE) », soulève le CNES dans son rapport de conjoncture. L'institution, dont le nouveau président Mohamed Seghir Babès a été désigné récemment, recommande fortement de mettre en place « une politique agricole qui place la croissance agricole et la sécurité alimentaire au centre des objectifs stratégiques » afin de remédier à « la dépendance alimentaire liée aux déficits de la production alimentaire et agricole, le faible taux d'intégration de la production locale dans les productions des industries agroalimentaires et l'incertitude qui pèse sur les évolutions des marchés extérieurs ». D'autant plus que si les importations vont crescendo, il n'en est pas de même pour les exportations hors hydrocarbures qui « continuent à nourrir beaucoup d'inquiétudes ». Il y est encore une fois fait état d'un manque de visibilité en termes de choix économiques et sociaux même si, indique-t-on, la trajectoire de l'activité économique en 2004 semble avoir amorcé une dynamique soutenue après avoir connu « une vie végétative » durant la décennie précédente. Cette période de transition que le CNES qualifie d'historique n'a pas réussi à altérer « le panorama de l'économie nationale » qui « reste toutefois paradoxal entre une aisance financière inégalée, avec une quantité importante de ressources oisives, et une indigence des instruments de programmation, une panne de projets bancables et une pauvreté frappante sur le plan entrepreneurial ». En somme, une économie stagnante en l'absence d'une cohérence dans le système économique. Le CNES met un bémol à ses critiques en estimant que la conjoncture économique était euphorique en 2004. Ainsi, cette institution consultative énumère les nombreux faits marquants et positifs ayant émaillé l'exercice précédent. Celui-ci s'est distingué par une consolidation durable des équilibres macroéconomiques, une amélioration de la position extérieure, une croissance économique soutenue, vu qu'elle n'a pas fléchi par rapport à l'année passée, et une réduction sensible du taux de chômage, notent les experts du CNES. Reste que la politique du gouvernement qui ambitionnait de transformer l'économie nationale en économie de marché a échoué selon le CNES. « L'économie de marché dont la construction tant espérée au niveau des pratiques et des mécanismes reste encore absente... », peut-on lire dans le rapport à ce sujet.