Dans ses documents, dont nous avons obtenu des copies, ce conseil dément les rumeurs colportées à son sujet. Finalement, la session ordinaire du Cnes aura lieu les 3 et 4 juillet prochain au Palais des Nations avant le renouvellement de ses structures. Les rapports, cinq au total, se penchent sur le dernier semestre de l'année passée, la politique monétaire algérienne, la pratique sportive en milieu scolaire, des éléments de débat pour un pacte de croissance et, enfin, les enjeux relatifs aux politiques migratoires européennes. Ce qui retient d'entrée de jeu, dans le rapport de conjoncture, c'est que les critiques et analyses faites par la presse, sur la base des informations distillées par l'ancien président du Cnes et ses relais, ne reposent sur aucun fondement logique. Cette institution, comme ont tenu à nous le dire des sources proches d'icelle, reste absolument indépendante. Ainsi donc, le document portant rapport de conjoncture, relève bien que «l'activité économique se caractérise par une dynamique soutenue et une ouverture sur plusieurs fronts». Il n'en ajoute pas moins, un peu plus loin, que «l'une des caractéristiques qui a marqué la conjoncture 2004, est la forte croissance des importations lesquelles n'ont pas cessé d'augmenter ces dernières années plus rapidement que le PIB». Cela dénote une faiblesse que le gouvernement n'arrive toujours pas à combler, consistant en un déséquilibre important entre l'embellie financière d'une part et la relance économique de l'autre. Ce n'est pas tout. Le document ajoute que «ce qui est inquiétant est que la contrepartie économique des revenus distribués semble de plus en plus fléchir et que la prestation de services extérieurs devient de plus en plus pesante». Ce sont là, donc, des sources d'inquiétude que vient conforter l'absence d'une intégration de l'industrie agroalimentaire dans le circuit national, alors qu'à l'autre extrémité «la contre-performance enregistrée au niveau des exportations hors hydrocarbures continue de nourrir beaucoup d'inquiétude». Comme si tout cela ne suffisait pas, le rapport ajoute qu'«on entre dans une zone d'incertitude avec l'absence des entreprises privées nationales d'envergure et l'attentisme qui affecte les entreprises du secteur public dans l'espoir de leur privatisation et surtout le faible crédit qui leur est accordé». Mais tout n'est pas si sombre. Le plan d'aide à la relance est un signe d'espoir que le Cnes, dans son rapport, ne manque pas de relever: «Le programme quinquennal offre une opportunité unique pour l'émergence d'un outil national de réalisation puissant en la forme de pôles d'entreprises performantes pour faire face à la concurrence imposée par les entreprises étrangères.» Même si les banques disposent de pas moins de 673 milliards de dinars, il n'en demeure pas moins que le Cnes se pose la «question de fond» pour connaître «la capacité de l'économie algérienne à se hisser au niveau de la mondialisation dont les échéances sont proches». Cela implique, du reste, l'urgence d'une réforme monétaire fondamentale. Une étude technique très détaillée sera ainsi soumise aux membres du Cnes lors de cette session afin que ce sujet, déjà pris en charge par les pouvoirs publics, fasse l'objet d'un débat le plus large possible avec pour finalité, non pas de réduire le chômage et de stabiliser l'inflation, comme le souhaite le FMI sur les bilans des pays, mais surtout pour «maintenir la stabilité monétaire à travers la stabilité des prix, entendue comme une progression limitée de l'indice des prix à la consommation». La réforme monétaire, ne signifiant rien sans une reprise de la croissance, le Cnes propose également des éléments de débats sur un pacte relatif à ce sujet. Il s'agit globalement du «pacte national économique et social». Il s'agit, en perspective, de «protéger les populations les plus exposées au plan d'ajustement structurel et d'obtenir l'adhésion de la population et de la société en général sur une répartition juste et équitable des sacrifices consentis». Sur le plan économique, ce pacte prévoit de «développer la production nationale dans tous les domaines de compétitivité possible, de développer une capacité productive capable d'abord de compléter les revenus tirés des hydrocarbures et à même, ensuite, d'assurer la substitution à ces derniers dans le cadre d'une concurrence féroce et d'un marché ouvert et enfin de dégager les moyens et les instruments pour une politique sociale et un développement le plus équitablement réparti». Le rapport insiste beaucoup sur la nécessité de combattre le chômage, notamment dans le milieu juvénile. Le rapport s'achève sur une mise en garde que viennent étayer les multiples manifestations populaires sporadiquement observées aux quatre coins du pays pour diverses raisons: «Il faut souligner le fait que les logiques de l'économie publique et de la rente s'épuisent et - artificiellement maintenues - font courir au pays plusieurs risques dont celui d'une déflagration sociale qui ne pourrait être indéfiniment contenue par des programmes sociaux, par ailleurs fortement coûteux et sans contrepartie.»