Entre les chauffeurs légaux de taxi et les fraudeurs, c'est une longue histoire de conflits, d'escarmouches et de confrontations où les protagonistes semblent maîtriser toutes les fines stratégies de la guerre. Menaces, provocations et mobilisations hostiles, tous les moyens sont bons pour déstabiliser l'ennemi. Après des répits de courte durée et des moments de paix fragile, les rivalités reprennent comme au bon vieux temps du Péloponnèse. L'affaire refait surface à Constantine à chaque fois que les taxieurs deviennent très irrités à la vue de ce qu'ils qualifient ironiquement de parasites qui viennent leur disputer leur place dans les stations. Il faut dire qu'en l'absence d'un contrôle régulier et rigoureux des services de la direction des transports et de ceux de l'ordre public, une véritable anarchie s'installe dans une ville que la topographie particulière a condamnée à vivre dans un éternel chaos. Par ailleurs, le pullulement des fraudeurs qui improvisent même des arrêts quitte à perturber la circulation automobile explique en grande partie la désorganisation qui règne dans le secteur, alors que les taxieurs, pour la plupart indisciplinés et engagés dans des luttes intestines entre les factions des différents syndicats, n'arrivent toujours pas à satisfaire les demandes de la clientèle constantinoise malgré leur nombre effarant. La vérité se vérifie d'ailleurs quotidiennement sur le terrain, car en dépit de leur caractère illégal, les fraudeurs assurent des services aux citoyens habitant les cités et banlieues lointaines de la ville et à des heures tardives. Il en est ainsi pour les habitants des cités de Bekira, El Menia, Boumerzoug, le 4e Kilomètre, les nouvelles villes Masinissa et Ali Mendjeli et même des communes comme El Khroub, Hamma Bouziane, Didouche Mourad et Aïn S'mara. Comment expliquer que ces lieux habités par des citoyens qui rejoignent quotidiennement leur travail à Constantine soient boudés par les taxieurs qui disparaissent à la tombée de la nuit ? Face à un laisser-aller qui caractérise toujours le secteur des transports à Constantine, le marasme fait le lot journalier des citoyens qui n'aspirent qu'à regagner leur domicile sans craindre de faire l'objet d'une lâche agression.