Plus de 2000 travailleurs employés par des unités de transformation de bitume oxydé à l'échelle nationale ont été remerciés par leurs employeurs fin juin 2005. Ils devront être suivis par plusieurs milliers d'autres des sociétés spécialisées dans les travaux d'étanchéité. Il s'agit des conséquences directes résultant de la décision de Sonatrach d'augmenter de 1399 DA le prix/tonne. « Après avoir prospecté le marché international du bitume routier, j'ai décidé de m'approvisionner auprès des Saoudiens. Ma prospection m'a permis de relever que depuis la création de ma société, les prix appliqués par Sonatrach sont excessifs. La transformation c'est fini. Même si cela doit coûter à des dizaines de chefs de famille leur gagne-pain, je ne peux plus continuer. », a indiqué un des transformateurs. L'augmentation du prix de vente du bitume sortie usine décidée par Sonatrach à partir du 1er juillet 2005 a fait de la transformation de ce matériau pétrochimique un secteur à haut risque. D'Oran à Annaba via Sétif, l'unanimité s'est faite autour de la nécessité de fermer les unités de production. D'autres opérateurs parlent de limiter leurs activités à la commercialisation du bitume routier : « Je suis contraint d'importer pour préserver mon activité et les centaines d'emplois directs et indirects qu'elle draine. Je vais devoir débourser annuellement l'équivalent de plusieurs milliards en devises. Même notre fournisseur traditionnel Sonatrach est perdant. » La fermeture des unités de transformation ou la limitation des activités d'autres à la production du pax et du feutre sont l'expression de l'exacerbation des passions des transformateurs privés du bitume. La responsable de la commercialisation à la direction des ventes à Sonatrach rejette les accusations. Elle dément celle relative à la politique des deux poids deux mesures. En ce qui concerne l'augmentation des prix, elle a précisé : « Nos prix de vente des bitumes sont transparents. De bonne qualité et très léger, le pétrole algérien ne donne pas de matières premières après son raffinage. Ce qui nous impose d'en importer pour la production du bitume. Le prix de cette matière s'est envolé parallèlement à celui du pétrole brut durant ces derniers mois avec pas moins de 30% d'augmentation auxquels s'ajoute le coût du fret. Qu'ils soient publics ou privés, nos clients sont traités sur un pied d'égalité. Nous prévoyons des rabais en fonction de l'importance des quantités réalisées à la vente. » Dans le tableau des prix annoncés par Sonatrach, le prix du bitume routier matière première coûte plus cher que le bitume oxydé (produit fini).