Après l'enthousiasme affiché par les diplômés finissant lors de la séance de clôture de l'année 2004-2005 de l'université Amar Telidji de Laghouat, un sentiment d'inquiétude s'est vite installé. Cette jeunesse fraîchement récompensée est d'ores et déjà désemparée quant à son avenir professionnel. Une association de diplômés et des cadres de Laghouat a été créée récemment par un groupe d'universitaires afin de faire valoir leurs droits. Elle compte pas moins d'une centaine d'adhérents inscrits sans emploi depuis plus de 4 ans et qui tentent, tant bien que mal, de s'organiser en sensibilisant toutes les instances administratives au chômage des diplômés qui constitu un véritable fléau, certes national - cela est incontestable- et paradoxalement local, surtout dans une région gazière à potentiel économique élevé qui est sensée offrir de fortes perspectives d'emploi dans un Sahara vaste et prospère. Des journées portes ouvertes à l'université sur les réalités et les perspectives d'avenir en matière d'emploi ont été organisées par cette même association, les véritables difficultés soulevées par ces diplômés sans emploi, selon son président M. Hassani, sont en fait le manque d'informations et de préparation au marché de l'emploi, et selon certains participants, la politique de l'emploi en général est gérée d'une manière non scientifique et désuète. Rares sont ceux qui savent rédiger un CV accrocheur ou réussir une entrevue d'emploi, la formation nécessaire dans les techniques de recherche d'emploi, qui est dispensée depuis des années dans les pays développés, n'existe pas dans notre pays. Il est vrai peut-être que la manière est différente, le benaâmis, le sahbi-sahbek, le coup de téléphone influent, seul fonctionnement des formules magiques propres à nous qui secourent, hélas, les interventions des proches et des amis. La demande est forte au niveau de l'agence du pré-emploi, et les postes sont attribués selon l'ordre d'arrivée, d'après son responsable M. Rahmoune, en revanche l'Ansej ne paraît pas séduire les nouveaux diplômés, l'engouement est faible. Ceux-ci ont plus de difficultés à s'engager dans un projet d'entreprise, l'esprit d'entrepreneur ship est loin de les conquérir. Notons par ailleurs que cette agence, malgré tout, souffre également de certaines difficultés quant à la prise en charge des projets. Les postulants promoteurs n'avaient d'une part aucune formation à la création d'entreprise ni de gestion, et d'autre part, la majorité d'entre eux a un niveau d'instruction tout juste moyen ou même sans niveau. « Force est de constater que l'instauration de cette formation préalable vaut l'investissement. Quant à la nature des projets, ceux-ci concernent particulièrement le secteur des transports de voyageurs et marchandises. Au lieu de rester au chômage, j'ai préféré conduire mon minibus », nous déclare Mourad, licencié en droit, alors que d'autres secteurs peuvent offrir des projets innovateurs, méconnus hélas, l'existence de commissions chargées de l'information et de l'orientation des sans-emploi, s'impose alors dans cette étape difficile que traverse un étudiant qui vient d'achever son cycle de formation. Du côté des banques, celles-ci se heurtent également à des problèmes identiques, les promoteurs ne pensent pas à l'avenir du projet, nous signale un responsable de l'investissement, en ajoutant que les impayés sont de règle et découragent la participation des banques. Nous avons finalement essayé de comprendre la situation à la source, en l'occurrence à l'université, qui, selon le recteur Hadj Aïssa Benhorma, l'université en tant qu'institution et à la limite de ses prérogatives a pour sa part contribué largement dans le domaine de l'emploi en organisant des séminaires avec l'Ansej et le secteur bancaire, ainsi que des journées d'étude sont prévues tous les 6 mois concernant le financement et la création d'entreprises, ajoutant par ailleurs que celle-ci participe également à l'aide à la formation des cadres de Naphtogaz. Pour ce qui est du partenariat avec l'industrie, l'université continue à offrir des stages pratiques pour ses étudiants au niveau des entreprises proches, Cotosud, Moulins de Laghouat, Sonelgaz et Sonatrach, si bien qu'une dizaine de postes d'ingénieurs ont été créés par Sonatrach cette année. Quant à l'idée de création d'un service de placement des nouveaux diplômés, dépendant directement de l'université, celle-ci a été bien accueillie par le responsable de cette institution.