Une belle manifestation qui a, le moins qu'on puisse dire, bouleversé le train quotidien de l'antique Sitifis qui s'est, des décennies durant, morfondue dans un terrible spleen culturel. Parlant en connaissance de cause, le conférencier estime en prélude que la relève du théâtre national ne doit désormais provenir qu'en dehors des grandes villes côtières pourvoyeuses traditionnelles de pièces de théâtre. « C'est dans les villes enclavées géographiquement qu'on reprend de manière courageuse et originale le flambeau d'un art quelque peu tombé en disgrâce à Alger, Béjaïa, Oran et Annaba, après la mort des leaders théâtraux post-indépendance, l'assassinat d'artistes et l'exode d'autres vers des cieux plus cléments... » Benachour considère que les compagnies de « l'arrière-pays », fondées par des animateurs du cru, forment l'ossature essentielle du théâtre algérien de ces quinze dernières années. L'intervenant enfonce le clou : « Cette ossature est la piste la plus intéressante dans cette réactualisation de l'acte de production du produit théâtral... » Ces troupes ou coopératives, c'est selon, sont, dit-il, des collectifs alternatifs qui deviennent source de création artistique qui est le relais de la reconstitution d'une nouvelle architecture théâtrale. L'auteur de la pièce Aboud Ier met, par ailleurs, en exergue la pertinence du sujet chez ces troupes, étant esthético-poétique avant d'être exalté d'un moment, d'une histoire ou d'une idylle...En termes de productions chiffrées, les coopératives renversent, selon le communicant, la vapeur. « Les représentations annuelles de ces coopératives sont très souvent qualitativement supérieures à celles qu'on continue de produire de manière très irrégulière dans les institutions théâtrales étatiques bloquées par moult problèmes... », souligne le critique qui estime que ces compagnies privées impriment une nouvelle orientation au théâtre algérien. Ils mettent fin à un théâtre longtemps adossé aux surenchères idéologiques et aux schémas marxisant ou lutte des classes. Selon, le conférencier, ces compagnies indépendantes qui se muent en projet alternatif s'attaquent à des thèmes jugés, jusqu'à une date récente, tabous. Benachour ne bouclera pas sa conférence non sans aborder le point de la diffusion du produit qui est le casse-tête chinois de ces compagnies. Entre temps, la compétition qui s'est achevée hier a permis aux compagnons de Nedjma (Sétif) et le Théâtre régional de Béjaïa de subjuguer le public avec respectivement El Hamel et Mouhouch.com. Le jury a eu du mal à départager les 16 troupes, postulantes aux sept Fouara mis en jeu... Nous y reviendrons.