S'il est des évidences qui déplaisent à certains responsables, autant continuer délibérément à prendre des vessies pour des lanternes et applaudir frénétiquement le « tout va bien ambiant ». Mais, il faudrait vraiment être frappé de cécité pour occulter la gravité de la situation des habitants du bidonville situé en contrebas de la cité des 100 Logements R+1 et du marché de gros. La tragédie des 15 familles qui y ont élu domicile est si révoltante que les riverains sont acculés depuis plus d'une dizaine d'années aux derniers retranchements de la condition sociale. De surcroît, lorsque cette communauté hétéroclite, composée principalement de bédouins et de nomades issus des régions de M'sila et de Touggourt, habite au beau milieu d'un immense dépotoir. En empruntant les sentiers habituellement désertés qui mènent à ce « taudis » de la honte où nous nous sommes rendus, colère, inquiétude et désarroi partagent le cœur des riverains. Et Dieu sait que la précarité régnante et les conditions sociales d'un tout autre âge ont atteint leur paroxysme prouvant si besoin est que même les notions de dignité et de décence humaines ont été foulées au pied. Et pour cause, les « gourbis » érigés à partir des restes de chantier ( parpaings et tôles ondulées) qui peuvent à tout moment s'effondrer aux risques et périls des occupants. Le danger d'une virtuelle catastrophe au niveau de ce bidonville est si omniprésent qu'il n'est point exagéré de l'assimiler à l'épée de Damoclès. Il y a lieu de souligner qu'en plus du manque d'hygiène saisissant, des branchements électriques illicites, des immondices et des eaux usées fétides, les habitants ont aménagé à proximité de l'îlot leur propre fosse commune. Il n'est de ce fait pas fortuit d'induire que les risques de propagation des MTH et autres épidémies sont légion et exposent la vie des habitants à des conséquences dramatiques. Ces nomades venus d'ailleurs ont squatté un terrain communal sur lequel ils ont construit des « piaules » de fortune, dans la quête évidente de décrocher un logement qu'ils revendront avant de s'éclipser. Mais, raisonnablement, qu'ont fait les élus locaux pour déloger ces « intrus » et régulariser la situation de quelques cas sociaux ? Rien, sinon qu'ils ont fait montre d'une navrante gestion d'un dossier si épineux et d'une affligeante carence de clairvoyance. Au mieux, l'APC, à l'instar des exécutifs qui s'y sont relayés, est occupée par la pose de candélabres et d'abribus sur les quelques tronçons routiers, au moment où le bidonville qui jouxte la RN 5 s'étend et s'étire dans toute sa laideur quand bien même on a fait pour maquiller cette verrue abominable, entreposer et amasser des centaines de tonnes d'ordures et de gravats dans sa périphérie.