Une grande agitation s'empare à partir de 16h des alentours du marché des Trois Horloges. Le marché informel a la peau dure. Il a toujours pignon sur rue et le brouhaha gagne la cité populeuse, dont les espaces semblent tout indiqués pour constituer un réceptacle de bric et de broc. Si les bords de l'avenue Commandant Abderrahmane Mira, les plages relookées sont bondées d'estivants, le cœur de Bab El Oued, lui, ne manque pas de frétiller au rythme d'une cacophonie assourdissante. En cette période estivale et des grandes chaleurs, la cité grouille de monde et bourdonne dans tous les sens. La plèbe des bas-fonds frétille au gré du moindre frémissement de la rue que meublent en partie les petits revendeurs qui engorgent les ruelles adjacentes pour déborder sur la chaussée, ralentissant ou incommodant, c'est selon, la fluidité de la circulation automobile et piétonne qui flâne ou qui joue des coudes pour se frayer un chemin. La cité est devenue une zone de chalandise. Tout prête à l'exposition et à l'achalandage : de la friperie d'été jusqu'au poisson hameçonné à un jet de pierre sur le front de mer, en passant par les portables et autres puzzles ludiques exposés à l'appétit des garnements. A vrai dire, le voisinage du marché du quartier populeux de Bab El Oued draine la grande foule à longueur de journée et ses espaces sont devenus de véritables aires d'attraction où les petits revendeurs se disputent le moindre empan. Les pizzerias alentour et autres échoppes de chawarma - un encas en vogue ces derniers temps - ne désemplissent pas jusqu'à une heure tardive de la nuit. Bab El Oued est une cité night owl. ça ricane, ça bouscule et ça gronde à toute heure. ça bouffe, ça rogne et ça grimace aussi à chaque coin de rue. Pourvu qu'on ait l'ivresse. L'ivresse qui épouse l'air du temps.