La question de la dissolution des Assemblées élues en Kabylie, qui prend depuis le Conseil de gouvernement du 6 juillet dernier un aspect des plus concrets, fait encore une fois réagir le FFS, dont on connaît les positions d'hostilité depuis la première évocation de l'éventualité, il y a de cela dix-huit mois. La marche de protestation organisée avant-hier à Tazmalt, que l'on continue à présenter comme un territoire acquis aux idées du parti de Hocine Aït Ahmed, a été en deçà des attentes en termes de mobilisation et révèle si besoin est que la tâche de résistance à la résolution affichée par le Pouvoir va être des plus incertaines. Le parti assume seul le refus d'« abdiquer » devant la pression exercée par le pouvoir même si de nombreux élus, du FLN notamment, et en contradiction avec l'orientation de la direction de leur parti, se sont, pour leur part, montrés réfractaires à la dissolution aussi bien dans la wilaya de Béjaïa que celle de Tizi Ouzou. Première remarque à faire, la manifestation ayant drainé quelques dizaines de personnes n'a pas vu la participation de membres de la direction nationale ou d'un nombre significatif d'élus, participation qui aurait pu conférer à l'évènement la valeur d'une riposte mûrie et convaincue des instances du parti. La précipitation a-t-elle présidé à l'organisation de la protestation qui devait théoriquement intervenir en prompte démonstration de force ? Certains commentaires y voient même une autre expression du malaise prolongé au sein du FFS, dont les clivages internes ne se résorbent toujours pas, comme le reconnaissent certains cadres sous le sceau de la confidence. Le contexte, marqué par le plat politique qui caractérise naturellement cette période de l'année, la récurrence du recours à la démarche et à la ville précise de Tazmalt, à chaque fois qu'une nouvelle saillie officielle vient reconduire le mot d'ordre de dissolution... sont les autres éléments qui peuvent expliquer la réaction feutrée. Les militants et les cadres du parti ayant participé à la manifestation soutiennent, quant à eux, que ce n'est là qu'une première sortie qui sera suivie d'autres autrement mieux préparées et organisées. Au demeurant, l'on apprend qu'une manifestation similaire est prévue dans les jours prochains à Souk El Ténine, localité gérée également par un staff issu du FFS, alors qu'un conseil fédéral serait organisé jeudi prochain à Béjaïa. Il reste, cependant, que le contexte estival va peser de son poids lénifiant et compliquer davantage toute tâche de rappel des troupes ou de sollicitation de la rue. D'aucuns suggèrent au demeurant que la relance du propos par le chef de l'Exécutif, en ce moment précis de l'année, n'est pas fortuit. Ainsi, l'intention serait d'introduire la donne bien loin de la rentrée sociale en comptant sur l'intermède de l'été pour essouffler les résistances prévisibles et émousser par l'absorption tout potentiel d'adhésion populaire autour du FFS et de son mot d'ordre de résistance.