Alors que juillet ne fut qu'une pâle réplique de celui de l'année dernière - avec une très faible fréquentation et des températures capricieuses -, le mois d'août est en train de rattraper un tant soit peu la saison estivale. De l'avis des opérateurs, les affaires ont été très médiocres. A la fin juillet, la plupart des propriétaires de solariums installés sur la plage des Sablettes, affichaient plutôt grise mine. Quelqu'un affirmera, dépité, qu'il réalisait là, la plus mauvaise saison depuis quatre ans. Ayant installé plus d'une trentaine de parasols et autant de tables qu'il loue à 250 dinars la journée, il ne cessera de se désoler de voir la fréquentation dégringoler au point où certaines journées, la recette se limitera à une poignée de dinars. Pour ne pas être en reste, les autorités décideront la fermeture de la route durant les week-ends. Ce qui fera perdre une grosse clientèle aux nombreux restaurants qui bordent la corniche. En effet, obligés de laisser leurs véhicules, parfois à de centaines de mètres de la plage, nombreux seront les vacanciers de l'intérieur du pays - qui constituent avec les émigrés, l'essentielle de la clientèle - qui préfèreront aller voir ailleurs. Ce seront les plages plus sauvages, plus pittoresques de Sakhra, de la Sonaghter (des deux côtés de l'embouchure du Chellif) et de Benabdelmalek Ramdane qui rafleront la mise. Mais voilà que depuis les premiers jours d'août, par la grâce d'une canicule estivale retrouvée, les vacanciers reprendront vigoureusement possession de la plage. Malgré une fréquentation parcimonieuse des nombreux bungalows - où les prix non négociables s'affichent à pas moins de 4.000 dinars la nuitée, soit 12 millions de centimes le mois - et l'entêtement de la mairie à maintenir la fermeture de la route durant les week-ends, l'activité reprendra au point d'égaler, par moment, les performances des années précédentes. Il est vrai que deux actions complémentaires ont largement concouru à ce regain d'activités. Un regain d'activité Premièrement, il y eut une totale sécurisation des lieux par les services de la gendarmerie et de la garde communale. Dès la mi-juillet et suite à de nombreuses plaintes de citoyens et d'estivants, les deux parkings sauvages qui enlaçaient, littéralement, la plage et qui servaient de bar en plein air à un nombre considérable d'automobilistes - qui ramenaient canettes de bière et bouteilles de vin dans leur coffre de voiture et qui s'adonnaient à la boisson jusqu'à épuisement des stocks - seront rapidement éradiqués par la présence d'agents de la garde communale qui en interdiront l'accès. Le changement fut radical. Les familles, reprendront le chemin de la plage, assurées de ne plus subir les agressions verbales des adeptes de Bacchus. Une bande de malfrats qui agressaient les estivants à même la plage sera neutralisée. L'artisanat sauve la saison estivale Ensuite, il y eut l'heureuse initiative d'installer une dizaine de stands pour accueillir des artisans d'ici et d'ailleurs. C'est ainsi que couturiers traditionnels, maroquiniers et autres marchands de souvenirs s'installeront au milieu du parking central, jusque là interdit d'activité pour offrir à une clientèle bigarrée et essentiellement féminine les produits de l'artisanat. C'est pourquoi, depuis dix jours, l'affluence n'a fait qu'augmenter. Ouverts dès la mi-journée, les boutiques de fortune accueillent sans discontinuer, parfois jusqu'à des heures tardives de la nuit, un public curieux, difficile, mais toujours bon enfant. Le stand le plus visité est incontestablement celui tenu par Oumar et Dame, deux jeunes sénégalais de la confrérie des Mourides qui proposent un riche éventail de l'artisanat traditionnel africain. Des statuettes en bois d'ébène ou en tec, aux sacs à main en peau de crocodile ou de serpent, sans oublier les toiles naïves d'un artiste en herbe demeuré au pays sans doute pour une inspiration éphémère. Il y en a pour tous les goûts. Par contre, ce sont les prix qui étonneront plus d'une clientèle. Proposé entre 6.000 et 8.000 dinars, le sac en croco ou en peau de serpent ne trouve d'adeptes que chez les émigrées qui en achètent sans rechigner. Un groupe de jeunes filles de Touggourt proposent des habits traditionnels d'une très haute tenue. Confectionnées avec soin, robes et burnous sont subtilement décorés de motifs locaux qui leur donnent un cachet captivant. Leur voisin, un couturier de Mazagran tente l'expérience uniquement pour mieux faire connaître ses costumes de fête, dira-t-il. En face de ce marché improvisé, Brahim, un ouargli très entreprenant, invite au thé traditionnel qu'il prépare avec une dextérité non feinte. C'est sous la tente qu'il recevra ses nombreux visiteurs dont le Ministre du tourisme qui passera en coup de vent. Lui aussi regrettera que le mois de juillet soit aussi terne et espère finir la saison avec quelques réserves pour l'hiver qu'il consacrera au tourisme saharien.