L'attentat-suicide perpétré par un jeune militant du Djihad islamique, lundi, en plein centre de Tel-Aviv, dans lequel 9 israéliens ont été tués et plus de 30 autres ont été blessés, signe la réapparition du spectre de ce genre d'opération militaire qui sème la panique parmi la population israélienne. La plupart des Israéliens tués au cours de l'intifadha d'El Aqsa, déclenchée en septembre 2000, sont tombés dans des actions similaires à celle de lundi. En réussissant à s'infiltrer dans une zone soumise à des mesures sécuritaires draconiennes, à l'occasion de la pâque juive, Samir Hamad a prouvé qu'Israël ne peut imposer aux Palestiniens sa politique unilatérale, visant à tracer ses frontières définitives sans en discuter avec eux et en même temps garantir la sécurité de ses citoyens. Samir, âgé de 20 ans, originaire de la région de Jenine, au nord de la Cisjordanie occupée où Israël a construit un mur de séparation en guise de nouvelle ligne de frontière, annexant de facto à l'Etat hébreu près de la moitié de ce territoire occupé en 1967, faisant croire à sa population qu'il était infranchissable, a prouvé aussi que rien ne peut arrêter un militant décidé à frapper au cœur du territoire israélien. Comme d'habitude, Israël a promis plus de répression. Le ministre israélien de la Défense, Shaoul Mofaz, ainsi que l'armée ont recommandé d'isoler le nord de la Cisjordanie du reste des territoires palestiniens, a annoncé la radio militaire. Mofaz veut empêcher les Palestiniens de se déplacer entre la région de Jenine et Toulkarem, d'où venait le kamikaze, et les villes de Naplouse et Ramallah situées plus au sud, a ajouté la radio militaire israélienne. Quant au Premier ministre israélien Ehud Olmert, chef du parti Kadima, vainqueur des dernières législatives israéliennes dont le programme politique est basé sur l'imposition de force aux Palestiniens, d'une solution unilatérale du conflit, il a affirmé qu'Israël « saurait riposter par les moyens qui s'imposent ». Un raid aérien israélien, tôt hier matin, contre une fabrique de métaux au quartier El Zeïtoun à Ghaza, a été une première riposte. Cet attentat a d'autre part mis en relief les profondes divergences entre les deux pôles de la politique palestinienne, en l'occurrence la présidence, dominée par le mouvement Fatah et le gouvernement issu du Hamas. Alors que le président palestinien Mahmoud Abbas a qualifié l'attentat de « méprisable » et de « terroriste » qui porte atteinte à la lutte du peuple palestinien. Le gouvernement palestinien du Hamas en a fait porté la « responsabilité » à Israël. « L'occupation porte la responsabilité de ses actions (...) L'occupation israélienne poursuit ses agressions contre les fils du peuple, les assassinats, les invasions, les arrestations », a affirmé le porte-parole du gouvernement Ghazi Hamad dans un communiqué. Dans la rue palestinienne où les gens font face à l'une des crises économiques les plus graves depuis la mise en place de l'Autorité palestinienne en 1994, incapable à ce jour de payer les salaires de ses 140 000 employés, suite à la suspension des aides financières internationales, l'attentat n'a suscité que peu d'intérêt. Quant à la communauté internationale, qui participe activement à l'embargo imposé au peuple palestinien, depuis l'accession du Hamas au pouvoir suite à sa victoire aux législatives du 25 janvier, la condamnation de l'attentat est unanime. La Maison-Blanche l'a qualifié d'acte « infâme » et a lancé une sévère mise en garde au gouvernement du Hamas contre les « effets les plus graves » d'un soutien de la part de ses membres à des actes terroristes. Et il y en a d'autres, toutes semblables et toutes dans leurs messages reproduisent une indignation sélective. Cette même communauté internationale reste, en effet, pourtant, bizarrement silencieuse devant les graves infractions commises par l'occupation israélienne, dont la machine de guerre est responsable de massacres presque quotidiens dans les territoires palestiniens. Cette dualité dans les positions de ceux censés représenter la légitimité internationale ne font qu'acculer les Palestiniens et les mettre dos au mur, ce qui risque de les pousser encore plus vers des actes comme celui vécu à Tel-Aviv en ce début d'après-midi de lundi.