Le recours à la grève se précise au CHU de Constantine à mesure que l'échéancier procédural entamé par les paramédicaux touche à sa fin. La demande de conciliation déposée le 12 juillet auprès du directeur de la santé par le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) est suivie d'un échange d'accusations entre la direction de l'hôpital et le syndicat. Et le ton ne fait que monter des deux côtés pour annoncer le pourrissement. Si le blocage persiste, le plus grand des hôpitaux de Constantine risque sérieusement d'être paralysé dans quelques jours. A l'origine de ce bras de fer, des arriérés concernant la prime d'intéressement accumulés durant les années 2002 et 2003 et qui s'élèvent à 46 000 DA pour chaque année. Le SAP, qui compte la majorité des paramédicaux du CHU - soit quelque 1100 adhérents - rappelle dans ses lettres adressées aux autorités concernées ainsi qu'aux médecins et aux associations de malades qu'il a épuisé toutes les voies de recours et tient pour responsable de ce retard le directeur « qui abuse et fait fi des directives tout en versant dans l'amalgame et le mensonge ». Le document du SAP rappelle que cette situation touche uniquement Constantine et souligne que lors de sa récente réunion avec les responsables des établissements de la wilaya, le ministre de la Santé leur avait intimé l'ordre de trouver des solutions internes. Pourquoi alors ce deux poids, deux mesures ? s'interrogent les rédacteurs du document qui insistent sur les volte-face du directeur, puisque, disent-ils, deux PV de réunion témoignent de l'accord conclu pour le versement de la totalité du rappel, au plus tard fin juin. De son côté, M. Zermane, directeur du CHU Benbadis, réplique en disant qu'il s'agit d'un faux problème créé par des déstabilisateurs et se défend de vouloir bloquer le versement en affirmant qu'il ne dispose pas de fonds suffisants pour assurer ce rappel et qu'il s'agit en outre d'un problème national. Notre interlocuteur, joint par téléphone, ajoute qu'il a été convenu avec tous les représentants syndicaux, et pas uniquement le SAP, de verser 50% du rappel, soit le reliquat de l'année 2002, vers la mi-août. Cela en attendant une enveloppe spéciale qui permettra la solution du problème sans toucher à la masse salariale. Il s'agit peut-être d'une simple carence dans la communication entre les deux parties, mais qui cache mal le malaise qui pèse toujours dans les établissements publics de la santé et qui persiste malgré l'entame de la réforme hospitalière. Dans tous les cas, c'est le malade qui en pâtit et paie de sa santé et de son moral l'échec répété des politiques testées.