Un rapport accablant publié hier à Londres par l'Institut royal des affaires internationales établit un lien direct entre les attentats qui ont frappé jeudi 7 juillet des lignes du métro et un bus impérial, causant la mort de 52 personnes, et l'invasion de l'Irak. Le rapport crédite ainsi la thèse soutenue par des personnalités politiques et des spécialistes que les attentats sont une conséquence directe de la situation en Irak. L'institut, surnommé Chatham House - un centre de recherche réputé en Grande-Bretagne et à l'échelle internationale - indique que la guerre et le bain de sang en Irak ont sérieusement entaché la capacité de la Grande-Bretagne à lutter contre le terrorisme à l'intérieur, boosté la campagne de propagande, de recrutement et de collecte de fonds d'Al Qaîda et fourni à ses terroristes une région idéale pour l'entraînement et la désignation des cibles à attaquer. Le rapport n'est pas fait pour plaire au Premier ministre britannique, car il décrit ce dernier comme « un passager assis derrière, forcé de laisser le guidon à un allié, les Etats-Unis, dans la guerre contre le terrorisme ». Tony Blair, quant à lui, continue de marteler que les attentats terroristes n'ont aucun lien direct avec la guerre contre l'Irak. Les auteurs du rapport élaboré conjointement avec le Conseil de recherche économique et sociale, Paul Wilkinson, président du Centre de recherche sur le terrorisme de l'université de Saint Andrews (Ecosse), et Frank Gregory, un universitaire de Southampton (Angleterre), sont catégoriques : « Le Royaume-Uni est dans une situation particulièrement risquée parce que c'est l'allié le plus proche des Etats-Unis, qu'il a déployé l'armée dans les campagnes d'Afghanistan et d'Irak » et a joué un rôle majeur dans la lutte contre Al Qaîda. En Grande-Bretagne même, cet engagement militaire aurait accéléré le recrutement et la collecte de fonds du réseau Al Qaîda et offert aux candidats terroristes une cible et un terrain d'entraînement. Cette thèse va directement à l'encontre de l'argumentation du Premier ministre Tony Blair, qui s'est efforcé de convaincre son opinion publique que les quatre attentats de Londres n'ont rien à voir avec la situation en Irak. Dans une autre critique à peine voilée de la politique de « tolérance » vis-à-vis des extrémistes qui ont trouvé refuge en Grande-Bretagne au cours des années 1980 et 1990, le rapport indique qu'« au milieu des années 1990 les services de renseignement et la police du Royaume-Uni savaient parfaitement que Londres servait de plus en plus de base à des individus engagés dans la promotion, le financement et la préparation du terrorisme au Moyen-Orient et ailleurs ». Néanmoins, ces individus n'étaient pas considérés comme une menace pour la sécurité intérieure du Royaume-Uni, fait remarquer l'étude de Chatham House.