Alors que le phénomène de l'inquiétante prolifération du commerce informel fait tache d'huile et que les responsables concernés se complaisent dans un mutisme qui ne dit pas son nom, les marchands ambulants des fruits et légumes redoublent de férocité et semblent même faire un pied de nez aux commerçants « réguliers ». L'idée selon laquelle la période estivale est la saison de prédilection pour le redéploiement tous azimuts d'activités commerciales parallèles s'est vérifiée une fois de plus. Les vacances scolaires aidant des centaines d'adolescents, pour la plupart, se retrempent sans coup férir dans cette ambiance de débrouillardise, mais non moins profitable. Une petite virée matinale au marché de gros, ponctuée par l'achat de quelques caisses de fruits et légumes, et le tour est joué. Ni taxes ni impôts, ces vendeurs à la sauvette donnent du fil à retordre à tout le monde. A commencer par les habitants de la cité Didouche Mourad, dont une trentaine vient de transmettre aux autorités de droit une pétition appelant à la délocalisation ipso facto des indus marchands qui, en plus d'avoir squatté trottoirs et chaussée, ont transformé les lieux en une véritable foire d'empoigne. Le cas de ce quartier n'est qu'un maillon de la chaîne. Les rues Khelifi Abderrahmène et Choufi Mohamed (au centre-ville), les abords du siège de l'APC, la cité Ben M'hidi, et la liste est longue, sont les nouveaux non man's land de ces centaines de marchands ambulants qui n'ont cure des nuisances sonores qu'ils génèrent ou encore des monticules d'ordures qu'ils laissent sur place. Pourtant, cette avalanche de désagréments, cette atteinte à l'environnement urbain et la concurrence déloyale faite aux commerçants inscrits, ne semblent pas émouvoir outre mesure les locataires de l'hôtel de ville. Pis encore, ces derniers semblent s'en accommoder parfaitement. Et pour preuve, l'APC vient de valider un arrêté communal autorisant l'usage de ces espaces publics à des fins commerciales. Ahurissant quand même, et le mot n'est pas assez fort. Sinon comment qualifier autrement que de frasque cette mesure incongrue qui conforte l'anarchie instaurée par cette faune « d'ambulants » qui s'approprient indûment les voies de circulation jusqu'à en bloquer plusieurs accès à l'aide de leurs deux roues et autres dumpers. A l'état actuel des choses, les actions de proximité, les verbalisations et les saisies de marchandises opérées n'ont plus aucune emprise sur ces marchands informels, nous confie le chef de la sûreté de daïra, dès lors que la commune leur en a donné le feu vert. La lenteur d'exécution des décisions de justice relatives aux infractions relevées, l'inconsistance des pénalités et la non affectation par la juridiction pénale d'un établissement pour la réception des marchandises saisies (l'école des jeunes aveugles étant en vacances), nous dit-on, constituent les entraves majeures à la mise en œuvre d'une dynamique de réglementation judicieuse de ces marchés parallèles qui fleurissent à tout coin de rue. Cela dit, en ajoutant ce zeste de souci social pour ne pas dire populisme, l'APC risque en réalité d'exacerber davantage les tensions au sein d'un microcosme commercial interféré, et d'attiser la grogne des riverains.