Des résultats bactériologiques « positifs » sur des échantillons de son produit à Annaba ont poussé les responsables de la Sarl Ifri, importante entreprise privée d'eau minérale située dans la ville d'Ouzellaguen, à Béjaïa, à opérer une véritable levée de boucliers pour défendre « la bonne qualité » de leur eau soupçonnée d'être cancérigène. D'importantes quantités de bouteilles d'eau minérale naturelle non gazeuse Ifri et d'une marque tunisienne viennent d'être saisies par la Direction du contrôle et des prix (DCP) de Annaba pour le motif essentiel de non-conformité des paramètres minéraux avec les normes fixées par la réglementation. Les analyses du laboratoire des services du commerce à Annaba auraient révélé une composition de l'eau dont les moyennes sont différentes de celles figurant sur l'emballage. C'est ainsi qu'on aurait souligné la présence de traces de nitrite et d'ions minéraux en deçà des normes requises. Les résultats des analyses mentionnent aussi la présence moyenne de 9,5 mg de nitrate par litre au moment où l'étiquette de l'emballage mentionne -2 mg/l. « On pourrait tomber sur des quantités moyennes différentes, mais jamais hors normes, parce que les méthodes d'analyses diffèrent », nous déclare Mustapha Ibrahim, un des gérants de la Sarl Ifri. « Aucune mention de nitrite ne figure sur l'étiquette de nos produits et la DCP de Annaba nous a démenti en avoir trouvé dans les échantillons prélevés », ajoute-t-il. Les traces de nitrite découvertes concerneraient, à en croire notre interlocuteur, l'échantillon du produit tunisien, analysé dans le cadre de la même enquête. « Le nitrite n'est pas un paramètre de pollution et ne peut être cancérigène. Il fait partie des éléments minéralisant de l'eau comme le carbonate, le bicarbonate... Il n'y a pas de normes fixées », nous explique la responsable du laboratoire de l'entreprise, qui dit se fier aux textes datés du 20 août 2000 et publiés dans le Journal officiel fixant les normes des paramètres de pollution et autres éléments indésirables. Dans sa quête de défendre son image, l'entreprise ne s'empêche pas de brandir les résultats « négatifs » de l'Institut Pasteur, choisi par le ministère des Ressources en eau, et du Centre national de toxicologie de l'hôpital Maillot. Les analyses effectuées sur des échantillons prélevés sur forages et produits finis s'inscrivent dans le cadre de la mise en conformité du dossier eau minérale. La Sarl Ibrahim et fils, plus connue sous le nom d'Ifri, enregistre sa deuxième mésaventure à Annaba puisque, en 1997, une saisie a été opérée sur ses produits au motif officiel de non-conformité avec la réglementation. L'on avait déclaré une overdose de calcium avec une présence de 75 mg/l. A l'appui de sa défense, l'entreprise, par la voix de ses responsables, a apporté, entre autres, l'argument qui veut que « l'eau minérale de la grande marque française Evian en avait 78 mg/l ».