Entre l'Espagne et l'Algérie, c'est la lune de miel à tous les niveaux de la coopération. La preuve ? L'on assiste à un ballet diplomatique incessant des hauts responsables des deux pays comme jamais auparavant. Le premier vice-président du gouvernement espagnol, Mme Maria Teresa Fernandez de la Vega, en compagnie du ministre des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, arriveront ce matin en Algérie pour une visite de travail, souligne un communiqué du MAE, rendu public hier. L'hôte de l'Algérie, Mme De la Vega, dont c'est la première visite en Algérie, aura droit à des tête-à-tête avec des responsables algériens et pourrait même être reçue par le président de la République. En effet, le communiqué du MAE précise que Mme De la Vega « sera reçue dans le cadre d'entretiens de haut niveau ». Elle aura par ailleurs avec le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, une séance de travail consacrée à « l'état et aux perspectives de développement des relations bilatérales dans les domaines d'intérêt commun ». Alger et Madrid ont sans doute beaucoup de choses à se dire au-delà des formules de politesse. Liées par de solides intérêts économiques et un dialogue politique permanent, avec comme point d'orgue la signature le 8 octobre 2002 du « Traité d'amitié et de bon voisinage et de coopération », l'Algérie et l'Espagne sont un exemple de partenariat réussi entre un pays du nord et un autre du sud de la Méditerranée. En novembre dernier, et à la veille de la tenue de la conférence de Barcelone qui célébrait son 10e anniversaire, Miguel Angel Moratinos était venu en Algérie donner un coup de fouet à ce partenariat prometteur. « L'Espagne et l'Algérie ont des relations stratégiques et des consultations politiques qu'il est normal de maintenir », avait-il déclaré à son arrivée. En effet, depuis la signature du Traité d'amitié, les échanges de visites officielles se sont multipliés et les réunions de haut niveau des responsables des ministères des Affaires étrangères se tenaient tantôt à Alger tantôt à Madrid. Ce dialogue politique fructueux a également connu un prolongement au niveau parlementaire puisqu'un protocole-cadre de coopération bilatérale a été signé entre le Parlement algérien et son homologue espagnol au terme de la visite de Manuel Marin, président du Congrès des députés en Algérie. Au plan économique, l'Algérie et l'Espagne sont également très liées et pour longtemps encore. « L'Algérie est une priorité dans le plan énergétique national ». Cette déclaration du ministre espagnol de l'Energie renseigne assez bien sur l'intérêt stratégique du partenariat algéro-espagnol. Il faut savoir que l'Algérie est le premier fournisseur de l'Espagne en gaz naturel en couvrant 60% des besoins énergétiques du royaume d'Espagne. Immigration clandestine : un thème-clé C'est pour maintenir, voire renforcer cette dynamique que le mégaprojet de construction d'un gazoduc qui reliera la ville de Beni Saf à celle d'Almeria, Medgaz d'une capacité de 4 milliards de m3 par an a été lancé et sera opérationnel en 2007. Selon les derniers chiffres du ministère des Affaires étrangères, les échanges commerciaux entre l'Algérie et l'Espagne sont passés de 4,16 milliards de dollars en 2004 à 5,94 milliards de dollars en 2005. L'osmose algéro-espagnole se vérifie également sur le terrain sécuritaire puisque la coopération dans la lutte contre le terrorisme est qualifiée de « très bonne » par Moratinos. S'il est déjà acquis que les autorités des deux pays collaborent dans l'information et le renseignement, le ministre espagnol des Affaires étrangères a souhaité lors de son séjour en Algérie que cette coopération se concrétise également dans des enceintes internationales, dont les Nations unies, le Forum méditerranéen ou dans le cadre du processus de Barcelone. Et le gouvernement de Miguel Zapatero ne pouvait ne pas compter sur l'Algérie dans le règlement de l'épineux dossier de l'immigration clandestine. En l'occurrence, le boycott par Alger de la dernière réunion des pays concernés par ce phénomène organisée au Maroc a sans doute donné à réfléchir aux autorités espagnoles. La visite de Moratinos aujourd'hui pourrait donc être l'occasion aux Espagnols de rectifier le tir pour amener Alger à jouer un rôle de premier plan dans l'éradication du phénomène migratoire. H. M.