Le président du mouvement islamiste El Islah, Abdallah Djaballah, a tenu jeudi après-midi, à la salle El Feth (ex-Pigalle) d'Oran, un meeting devant une salle à moitié vide. Dans son intervention, il est revenu longuement sur les objectifs et les aspirations de son mouvement. En fait, Djaballah, pour remobiliser ses troupes visiblement affectées par les dissensions et les luttes intestines de leadership, a dressé une « véritable déclaration de politique générale » de son mouvement. En effet, l'orateur, rompu aux techniques de communication et à la psychologie de masse, n'a à aucun moment abordé « le congrès du 30 juin dernier où il a été procédé, contre sa volonté, à la création d'un poste de secrétaire général à la tête du mouvement ». Mais, tout au long de son discours, cette « énième remise en cause de son autorité sur le mouvement » est omniprésente. Dès l'entame de son discours, Abdallah Djaballah parlera du multipartisme, selon ses dires, « boiteux » en Algérie et dira que le lien avec la réunion du 30 juin dernier est incontestable. « C'est l'unique moyen de garantir les droits des citoyens et la pérennisation de la sécurité. Aucune réforme ne pourra réussir sans un multipartisme fort et crédible », précisera-t-il. Abondant dans le même sens, le leader d'El Islah fustigera les « tenants du pouvoir » qui, dira-t-il, « au lieu d'initier une alternance, ils se succèdent indéfiniment ». A ce propos, le président d'El Islah fera l'éloge de la révolution iranienne, dont « la dernière élection présidentielle est un exemple, une référence de démocratie, qui a permis à un inconnu, issu des couches populaires, d'accéder au poste suprême ». Et de revenir à la charge pour critiquer - au vitriol - l'embellie financière enregistrée actuellement grâce à la hausse des prix du baril de pétrole : « La bahbouha financière actuelle n'a servi à rien. A-t-elle servi à résorber le chômage ? A réduire la précarité ? La délinquance ? » Abordant le volet éducation, l'orateur avancera que « 32% des élèves s'adonnent à la consommation de drogues ». Il dénoncera par là même, non sans épingler les initiateurs de cette mesure, la suppression de la filière des sciences islamiques après quinze années d'existence. Concernant la réconciliation nationale, Abdallah Djaballah a étalé toute sa verve pour dire : « Elle peut arranger beaucoup de choses, mais elle ne peut apporter les solutions à tous les problèmes. » Là, il plaidera pour un programme politique et sécuritaire. Volet politique, il dénoncera la volonté actuelle de revenir sur la loi interdisant l'importation de l'alcool et les aménagements apportés au code de la famille qui, dira-t-il, « est vidé à 80% de toute référence aux préceptes de l'islam ». Quant au volet sécuritaire, il estime que « la loi d'amnistie générale à laquelle nous croyons doit prendre en charge tous les aspects générés par la crise, notamment la question des disparus, celles des prisonniers, des licenciements abusifs, des personnes tuées par les forces de sécurité, enfin de tous les dépassements durant cette période ». Avant de conclure ce chapitre, M. Djaballah plaidera pour « une citoyenneté pleine et entière des terroristes repentis. Une citoyenneté leur garantissant tous les droits politiques et autres ». Pour ce qui est de la situation qui prévaut actuellement en Kabylie, notamment les élections partielles, l'orateur, outre le fait que, pour lui, c'est une mauvaise solution, mais « le plus dangereux est de donner à une région du pays une spécificité qui porte en elle les germes d'une atteinte à l'unité nationale ». D'ailleurs, dira-t-il, « les gens du Sahara commencent eux aussi à revendiquer et à parler ». Après le discours, le bureau de wilaya d'Oran a lu un communiqué de soutien et de fidélité aux fondements initiés par le cheikh.