Après une décennie d'agonie, puis une deuxième de mort annoncée, le secteur du cinéma et de l'audiovisuel semble à quelques années de la résurrection. C'est du moins ce qui est permis d'espérer à l'annonce d'un avant-projet qui devra être remis au gouvernement d'ici la fin de l'année. Une première mouture est déjà aux mains des cadres du ministère de la Culture, mais il n'est pas question d'y avoir accès. Et pour cause, la tutelle attend une participation concrète des professionnels du domaine avant d'y mettre un point final. C'est à cet effet qu'une journée d'étude a été organisée, dimanche, au Palais de la culture Moufdi Zakaria, réunissant les deux parties. Cet avant-projet a pour objet de définir les règles et les principes à appliquer à la production et à la diffusion cinématographique et audiovisuelle, la mise en place de conditions favorables à l'émergence d'une véritable industrie du cinéma, le respect des droits de la propriété intellectuelle et l'établissement des mécanismes de régulation des œuvres cinématographiques. Quant à l'organisation de cette journée d'étude, l'objectif principal est de noter les propositions, remarques et critiques des spécialistes du domaine avant de rédiger un texte définitif. Le discours du ministère est clair : le privé doit s'en mêler parce que l'Etat ne peut agir seul, qu'il s'agisse de la rénovation des salles, du réseau de distribution, de l'exploitation des œuvres ou de la coproduction. Mais le premier pas - et tous sont d'accord sur ce point - se situe dans la rénovation des salles existantes et dans la création de beaucoup d'autres. Sinon où serait l'intérêt de (re)lancer le cinéma en Algérie. Notre pays compte 106 salles opérationnelles, quoiqu'elles ne permettent pas de diffuser des 35 mm. Le nombre de sièges se situe dans les 48 000, ce qui correspond à une population de 2 millions d'habitants. Le compte est loin d'être bon. Le ministère prévoit, à ce niveau et à court terme, de remettre 120 salles en état de fonctionnement. Un bon début lorsqu'on démarre presque à zéro. Autre question poignante : faut-il mettre en place une entité de régulation ? Si oui, quelles seraient ses prérogatives et jusqu'à quelle limite. Le texte de loi doit donc s'arrêter à chaque détail, prévoir toutes les possibilités et avoir une vision aussi moderne que possible, vu l'état actuel du secteur. Bref, le taureau est sérieusement pris par les cornes et toutes les bonnes volontés se réunissent pour (re)lancer ce secteur inanimé. Cependant, nul ne se leurre, le chemin est tortueux et le résultat incertain à court terme. Avec un peu de chance et une bonne dose d'optimisme, la résurrection pourrait se produire dans moins de dix ans !