Les deux diplomates algériens, Ali Belaroussi et Azzedine Belkadi, ont donc bien été enlevés par le groupe islamiste Abou Mossab Zarkaoui, au top des ventes mondiales actuellement, « pour le soutien de l'Algérie à l'occupation anglo-américaine ». Ce qui explique pourquoi au moment où Abdelaziz Bouteflika présentait ses condoléances à l'Angleterre pour ses bombes, il ne disait pas un mot sur ses deux officiels sur qui pèse une peine de mort. Même chose du côté du ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, étrangement absent depuis sa nomination, qui n'a pas donné de communiqué officiel. Ahmed Ouyahia a bien lâché quelques mots sur le kidnapping, mais s'est empressé de préciser qu'il parlait en qualité de secrétaire général du RND et pas en tant que chef de gouvernement. C'est donc tout naturellement que l'ancien ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, a exprimé la réaction officielle de l'Etat, en son nom, ajoutant à la confusion. On savait déjà que l'Algérie possédait le privilège d'avoir trois ministres des Affaires étrangères, Abdelaziz Bouteflika, Abdelaziz Belkhadem et accessoirement Mohamed Bedjaoui. Mais que sur le cas d'une double tragique disparition de diplomates, l'Etat soit absent et ait honte d'en parler parce qu'il s'agit d'une ambassade algérienne à Baghdad, c'est toute une mentalité qui se révèle. En faisant passer le double enlèvement comme un fait divers qui n'intéresse pas l'Algérie officielle, l'Etat a encore brillé par sa capacité à lâcher tout le monde dès qu'il y a une odeur de fumée dans l'appartement. En attendant, c'est la société algérienne qui compatit même si elle n'est pas d'accord avec ce soutien implicite à la politique américaine, avec les deux Algériens enlevés, Azzedine Belkadi, dont c'était la première mission, et Ali Belaroussi, dont c'était la dernière, lui devant prendre sa retraite en septembre.