Les chiffres rendus publics par le Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis), qui relève des Douanes algériennes, confirment les prévisions faites par les responsables du secteur de l'énergie. Les recettes des hydrocarbures devraient être de l'ordre de 40 milliards de dollars pour toute l'année 2005 avec un prix du baril qui serait supérieur à 50 dollars en moyenne. En réalité, ces recettes peuvent être supérieures à 40 milliards de dollars. Selon les chiffres du Cnis, les exportations des hydrocarbures ont totalisé 19,4 milliards de dollars durant les six premiers mois de l'année 2005, soit une augmentation de 17,7% par rapport à 2004. Durant l'année dernière, les recettes des exportations des hydrocarbures ont été de 31,5 milliards de dollars, avec 2,7 milliards de dollars comme quote-part pour les enlèvements des compagnies internationales associées à Sonatrach. Pour l'Algérie, les recettes ont été de 28,5 milliards de dollars en 2004. Ce qui a représenté un record depuis l'indépendance. Ce record est en passe d'être battu puisque toutes les prévisions indiquent des prix au-dessus de 50 dollars le baril de pétrole brut pour les six derniers mois de l'année. Les chiffres du Cnis ne comportent pas la quote-part des compagnies internationales associées à Sonatrach. Ainsi, le chiffre d'affaires à l'exportation est supérieur à 20 milliards de dollars, si l'on ajoute la quote-part des associés, qui se situerait entre 8% et 10% environ des recettes globales. En plus de la hausse des prix du pétrole sur les marchés nationaux, les recettes ont bénéficié d'une augmentation de la production. Le champ de pétrole de ROD (développé par Sonatrach, BHP et ENI) est monté en cadence depuis son démarrage au mois d'octobre 2004 avec 18 000 b/j. Actuellement, il aurait atteint son plateau de production, qui est de 80 000 b/j. Pour les cinq premiers mois de l'année, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, avait indiqué à la radio que les recettes avaient été de 17,2 milliards de dollars. Le vice-président commercialisation de Sonatrach, Ali Hached, avait déclaré à la radio que Sonatrach s'attendait à un chiffre d'affaires de près de 21 milliards de dollars à la fin du mois de juin. Ce qui donnerait un chiffre d'affaires nettement supérieur à 40 milliards de dollars pour l'année 2005, si l'on considère les prévisions d'un prix supérieur à 50 dollars le baril et si l'on ajoute la quote-part des associés. A la fin du mois de mai, le Sahara Blend a atteint une moyenne de 48,80 dollars le baril. Depuis, le prix est supérieur à 50 dollars et il devrait se situer dans sa fourchette actuelle, sauf événements imprévus. Or, si les recettes des exportations des hydrocarbures procurent à l'Algérie des ressources appréciables qui lui permettent de payer la dette et de créer les conditions de la relance, leur augmentation continue à entraîner une hausse des importations. La hausse des importations est supérieure à celle de la hausse des recettes en pourcentage. Ainsi, si les recettes des hydrocarbures ont augmenté de 17,7%, la hausse des importations a connu une augmentation de 22,8% par rapport au premier semestre 2004. Cette évolution est inquiétante dans la mesure où, si le marché pétrolier connaît un retournement, il se créerait de grands déséquilibres. De plus, le train de vie de l'Etat semble s'adapter à l'augmentation des recettes, puisque les dépenses se font plus facilement et on a l'impression que les responsables de l'administration ont oublié la crise financière qu'a connu le pays et qui avait réduit l'Algérie à la mendicité internationale. Il est clair que les recettes pour 2005 vont dépasser la barre des 40 milliards, enregistrant ainsi un nouveau record et procurant au pays des moyens qui lui permettront de se porter mieux, mais elles ne devraient pas entraîner un gaspillage des ressources qui pourrait encore entraîner le pays dans de graves problèmes en cas de conjoncture pétrolière défavorable.