Longtemps négligé, le domaine de l'archéologie à Tizi Ouzou connaît un dynamisme remarquable. De jeunes archéologues passionnés (recrutés en préemploi) sillonnent les quatre coins de la wilaya pour accomplir un travail de recensement des sites archéologiques. L'acquisition récente de véhicules par la direction de la culture leur permet de se déplacer aisément. Actuellement, des dizaines de sites ont été inventoriés, allant d'Azeffoun à Draâ El Mizan, d'Ifigha à Tadmaït. Des périmètres de délimitation des sites ont été tracés et des plaques signalétiques installées, indique-t-on à la direction. Malgré le manque de moyens financiers, la direction de la culture déborde de vitalité. Le mois d'avril dernier, elle a édité un fascicule de 6 pages tout en couleur, retraçant l'histoire de la région de Tizi Ouzou depuis la préhistoire. Ce document de vulgarisation présente une brève monographie archéologique de la wilaya, mettant en relief l'existence de sites archéologiques depuis les temps immémoriaux dans les villages les plus reculés de la wilaya. Ainsi, des vestiges, des ruines et des sites datant de l'ère paléolithique ancien (2,5 millions d'années) sont répertoriés à Tamda, d'autres du paléolithique inférieur (de 350 000 à 100 000 ans) ont été retrouvés à Tissira n'Tmazirt et à Sidi Khaled. Le même document signale que des ruines du paléolithique moyen (100 000 à 25 000 ans) existent dans les villages de Thala Bouzrou, Azeffoun et Thala Maiache. Les archéologues ont également mis au jour, lors de leurs recherches, des vestiges à Azrou Miazen, Thala Hadjadj, Ifigha et qui datent de l'ère épipaléolithique (20 000 à 8000 ans). D'autres ruines datant de l'ère néolithique (âge de la pierre polie, 8000 à 3000 ans) et qui correspond au passage d'un mode de vie à économie de prédation à un mode économique de production ont été inventoriées à Tifrit n'Ath Lhadj et à Cap Tadlès. Ce sont autant de preuves pour les spécialistes que l'histoire de la région remonte à la nuit des temps. En outre, l'action de la direction de la culture vise surtout à valoriser les peintures et les gravures rupestres datant de la protohistoire (âge des métaux, 3000 ans) qui se trouvent à Ifigha, Ahmil, Azrou Miazen, Cap Tadlès, Azrou n'Tmert et Tifrit n'Ath Lhadj. Autrement dit, ces sites se trouvent aussi bien dans les zones montagneuses que dans la Kabylie maritime. De la période de l'antiquité, ne restent en Kabylie que les ruines et vestiges de l'ère romaine comme à Azeffoun (Rusasus), Tigzirt (Iomnium), Taksebt (Rusipir, lire ci-contre), Djemaâ Saharidj (Bida). Durant la période turque, des traces du royaume de Koukou, né dans le massif du Djudjura en 1510, sont encore visibles. Ce royaume a été fondé pour contrecarrer les conquêtes turques. Ces derniers, pour rappel, avaient érigé des bordjs sur les rives de l'oued Sebaou (Tazaghart en 1715 et à Tadmaït en 1720). D'autres fortifications ont été construites à Boghni en 1730, alors que le bordj turc de Tizi Ouzou , dont les bâtiments demeurent en bon état de préservation, a été construit plus tôt (1640). Mais, la presque totalité de ces vestiges subit en permanence des dégradations naturelles et humaines. Les travaux de restauration demandent des moyens colossaux. La tâche de la direction de la culture est ardue.